— réaction rp

Moïra Coghlan a écrit:

« I know one magic formula, it starts with "fuck" and ends with "you". »

yes yes yes, you go girl

Il ne s’annonce pas, traverse une allée tranquillement avant d’aller rejoindre la caisse et elle est là, bien sûr qu’elle est là. « Salut. » Imposée en reine dans son domaine, il contourne le meuble pour venir la rejoindre là où c’est pourtant interdit à la client – mais il n’est pas un client, lui. Pas vraiment. « Il est dans le bureau ? » Il dépose ses lèvres sur la tempe de Vicky, un bras venant s’enrouler autour de ses épaules par automatisme, une habitude qu’il est incapable de perdre. Même après toutes ces années. La main s’attarde sur son omoplate, il prend appui contre la tablette qui jouxte la caisse, laisse son regard survoler les étagères qu’il ne connait pas encore, repère un jeu qui traîne à portée de main et qu’il attrape. Il teste, lui, toujours.

‘You didn’t do anything wrong.’ qu’il murmure à l’étouffée, incapable pour autant de s’expliquer. Parce que toutes ces choses qu’elle lui décrit, toutes les conséquences désastreuses viennent de ses choix. Celui de partir. Celui de rester. Celui d’être là, encore. Il voudrait lui crier, lui dire que c’est pas si simple, tout lui dire pour la voir s’en aller. Parce qu’elle partira, il le sait. Mais Gus, il arrive pas à tirer un trait. Pas totalement. Il devrait, pourtant. Puis elle dit des trucs comme ça. I miss you. De ceux qui lui décrochent un sourire, un vrai, même discret, même qu’à moitié pudique. De ceux qui veulent dire I miss you too. Il reste silencieux pourtant, pris d’un élan de pudeur.

Non, il n’y a rien d’anodin dans son histoire. Parce qu’au delà de partager des bribes de son passé avec elle, il y a autre chose qui se joue. Les passages qu’elle a fait ces derniers temps au restaurant, ces longues attentes sans un mot. Il en a connu chaque ticket. Chaque commande. Comme la semaine dernière, quand elle s’est contentée d’un verre de vin. Ou celle d’avant et sa salade. Elle tourne autour des plats comme elle tourne autour de lui, se croyant invisible. Elle ne l’est pas. Ne l’a jamais été. Il l’a vue, à chaque fois. Elle, et tout de qui se raccroche à elle. And you never ordered the chili. Il étudie la courbure de sa mâchoire. Là, tendue vers le ciel, elle est si nette qu’elle pourrait couper. Il a presque envie de tendre les doigts pour la dessiner, Gus. Mais ça ne se fait pas. Alors il accepte les gouttes qui lui barrent bientôt les yeux, trop occupé à l’observer à travers ce nouveau mur transparent. Elle est belle, ce soir. Comme aucun soir. Comme tous les soirs. Il met du temps à voir le rouge qui s’accumule et s’impose. Met du temps à comprendre sa panique. Reste calme, quand à lui. Il se redresse simplement, et lui prend la main. ‘Come with me. Trust me.’ Il sait ses demandes, il connaît les enjeux. Mais la main d’Olivia tremble dans la sienne et il n’a que ses yeux pour la rassurer.