— réaction rp

Et puis, elle lui explique les raisons. Tout fait sens dans sa tête ; la détresse et la peine et le mal. Il le sait, Gus, parce qu’il l’a infligé lui-même. Il a été de ces bourreaux, de ceux qui bousculent et poussent, de ceux qui rient, de ceux qui volent et qui cognent. De ceux qui pensent que les mots ne font pas aussi mal que les coups. De ceux qui savent pourtant qu’une phrase une seule peut tout changer. Il l’a été, Aengus Coghlan, caïd des bacs à sable de Belfast, fils de, frère de. Et c’est comme s’il avait tué Jonas ; parce que des Jonas, il en a connu des dizaines. Il ne s’est jamais soucié de savoir s’ils avaient arrêté de vivre, eux aussi. Il a continué sa vie. Jusqu’à ce soir. Et ce soir, c’est la honte qui fait trembler ses os. Il a du mal à la regarder en face. Il voudrait se lever, partir. Oublier. Mais il n’a pas le droit. Est-ce que ceux qu’il a tué à petit feu ont oublié son nom ? Jonas, I’m sorry. I won’t forget yours. C’est sa main qui trouve son genoux en premier, celui qu’elle a ramené contre son cœur. Puis ses yeux qui s’aventurent sur son visage. Peut-elle la voir, cette peur viscérale d’être découvert ? I’m the monster you hate so much ; can’t you see ? ‘I’m sorry Liv.’ c’est tout ce qu’il peut dire avant que sa voix ne s’étrangle. Il a le mérite d’être sincère, c’est déjà ça. Il reste silencieux un moment, y a tout qui se rejoue dans sa tête, tous ses faux pas, toutes ses erreurs. Et s’il réagit quand elle lui parle, s’il grimace lorsqu’elle évoque sa chute, il n’est pas tout à fait là, l’irlandais. C’est sa main sur son bras qui le ramène au présent. Il a l’air perdu, comme un enfant. Il faut qu’il lui dise, maintenant, tout de suite.

julia flores a écrit:

Elle n'était qu'une âme en peine, à la poursuite de rêves qui s'effilochaient à mesure qu'elle approchait de la trentaine. Elle tentait de ne pas perdre espoir, en vain. Le chemin de la gloire était encore loin. Alors ce soir, elle se contenterait simplement d'être comme tout le monde. Excellant dans l'art de mentir, dans le narcissisme et les excès. Peut-être qu'elle avait simplement besoin de relâcher cette pression qu'elle maintenait trop fort.

julia flores a écrit:

- T'as réussi à replacer qui j'étais? C'était pas trop difficile dans ton esprit étroit?

Elle lui offre son plus beau sourire, mais la vérité, c'est qu'elle aurait préféré être ailleurs, plutôt qu'être en sa présence. Elle ne montre rien, pourtant, en elle, un brasier était en train de se consumer.

- Quand t'auras réussi à te rappeler mon prénom, je veux bien une bière blonde.

Tu sais pas trop combien de temps vous courrez, mais tu tiens bien sa main dans la tienne, et au final tes poumons se mettent à brûler et tu ralentis. « Oh, my God ! » Tu rigoles un peu, en regardant ton héroïne. « I feel like my legs are going to fall off. » Tu te laisses retomber sur un banc. Besoin de prendre ton souffle. Un regard derrière toi. « Do you think he followed us ? » Il semblerait pas, à la quiétude qui règne autour de vous. Tu regardes la blonde, ses traits doux, et t'es presque intimidée. À te demander pourquoi elle a voulu t'aider. « Thank you. I... I don't know what to say. You didn't have to do that. » Comment te remercier. Je sais pas ce que tu m'as évité, mais tu me l'as évité.

En regardant en arrière, elle verrait les carcasses de ceux qui auraient essayé. Et, peut-être, un survivant dans la foule. Peut-être Aengus, au loin. Aengus qui traine avec ses casseroles, Aengus l’enfant et Aengus l’ado et Aengus le jeune adulte et Aengus qui fait face à Olivia dans l’intimité d’un lieu qu’il connaît par cœur. Aengus et ses erreurs, ses ratures, se faux départs, ses victoires, ses convictions, sa droiture et ses blessures.
(...)
C’est l’effet qu’elle lui fait. Aengus, il veut s’inventer une autre vie. Il en serait presque capable, quand il trouve le fond de ses yeux. L’illusion est belle. I wanna stay in it forever. Et puis, tout s’évapore parce qu’elle reprend les rennes, l’attire, impuissant, dans un tourbillon d’elle. C’est son souffle, son parfum, le grain de sa peau, le battement de ses cils, le plissement de son nez, ses cheveux qui effleurent sa peau ; toute cette multitude d’éléments qui lui font perdre le nord. Il comprend Gus, il comprend qu’il est foutu. Qu’il ne pourra plus s’échapper maintenant, qu’il n’en a pas plus envie que la première fois, mais que la rationalité l’a quitté. Elle a touché quelque chose en lui qu’il est incapable de taire aujourd’hui. Il préfère le risque de la perdre pour de bon si ça veut dire qu’il peut vivre à pleins poumons, juste un instant. C’est égoïste et il est lâche mais il s’en fout. Elle l’embrasse, et il se fout de tout. De cette pluie battante au dehors qui rugit contre les carreaux. De cette bouilloire qui siffle sur le bar à quelques mètres. Il se fiche même de ce portable qui vibre dans sa poche. L’instant, c’est elle contre lui, et des peaux qui se heurtent, des souffles qui se mêlent, des sourires qui s’éteignent sur des lèvres qui se trouvent. Il est adolescent à nouveau. Il n’y a plus rien de machinal. Tout est un soulèvement de cœur.
(...)
‘I want you.’ Sans détour, sans même battre des paupières, sa vérité sort, limpide. Il y a rien d’ambiguë, rien de possessif, rien à réfléchir. Les lettres s’enchainent, roulent sur sa langue avec assurance pour former le mot. You. All of you. Olivia reprend ce dialogue intérieur qu’elle semble avoir avec elle-même et il sourit, il sourit parce qu’elle est belle, il sourit parce qu’elle l’attendrit, il sourit parce qu’elle l’apaise. ‘I’m good here.’ Il n’a pas tout à fait envie de bouger, pas encore, pas tout de suite. Pas alors que l’extérieur regorge d’une multitude de facteur qui pourraient les détruire. Ils sont à l’abri, ici. Ses yeux ne quittent plus son visage et ses lèvres qui bougent rapidement. Il sait qu’il n’aurait qu’à se pencher pour les stopper. Cette idée le fait sourire. Est-ce qu’elle peut le lire en lui, ce discours qu’il ne prononcera peut-être jamais ? You should expect to be kissed, every minute, evey day.
(...)
‘When we get out of here… ‘ il détourne pour la première fois les yeux d’elle pour regarder les phares des voitures qu’il aperçoit au dehors, brouillées par la pluie diluvienne. ‘I’m gonna take you home. And tomorrow night, I’ll pick you up from work. I’ll probably be wearing a stupid white shirt in hopes that you’ll like it. And I’ll take you on a proper date. If that’s alright with you ?’ c’est simple, non, de rêver un peu ? De se dire que tout pourrait fonctionner, qu’ils pourraient s’oublier, ensemble. C’est sa promesse silencieuse de ne pas l’oublier, alors qu’il mène sa main à son cœur. Elle n’en connaissait pas le rythme, avant, mais il espère qu’elle retiendra celui-ci. Il est à la fois fou et régulier. Il est à elle. C’est le battement Bloom.