somebody help (moïra & hadès)

Des pas vers le stade, une petite foule éparse. Un match a lieu le soir même, il y a ceux qui font déjà la queue pour aller trouver leur place, ceux qui espèrent pouvoir croiser les athlètes avant leur entrée et ceux qui en profitent pour zoner. Un peu en retrait, des groupes qui regardent par-dessus leurs épaules, des mots échangés à voix basse. Et tout à coup, un cri. Un homme entre vingt-cinq et trente ans vient de s’effondrer, convulse sous les regards exhortés de ses proches. Il faut agir, ou il risque de mourir.

Hadès traînait dans le coin, un peu dans l'ombre. De toute façon, on ne le remarquait même pas. Le gamin aux habits un peu sale et aux yeux rouges. Gamin qui avait dépensé son maigre argent de poche pour se droguer parce qu'il était en manque. Mais il vivait dans l'ombre. Il aurait pu assister aux matches comme les autres s'il n'avait pas fugué il y avait 7 ans de cela. Mais Hadès ne faisait jamais rien comme les autres. Le coeur rempli par toujours autant de culpabilité, il regardait les autres aller et venir, comme s'ils n'avaient aucun soucis et Hadès les jalousait. Lui il n'avait pas cette vie là. Sa maison, c'était la rue et plus rien d'autre. Il s'y était habitué. Même si au départ, c'était compliqué.

Et soudain, il entendit un cri. Hadès s'approcha mais il ne savait pas quoi faire. Il était paniqué, pensant que l'homme à terre aurait pu être Arthur, son frère. Parce qu'Hadès avait été un mauvais frère. Et il ne dit rien. Il ne fit rien, il le regarda juste, apeuré.

Ses frères l'ont traînée au stade, parce qu'elle ne sort pas assez, Mo, parce qu'elle est toujours si occupée, parce qu'on ne la voit plus autant qu'avant. Ils ont payé les billets, lui faisant comprendre à quel point elle serait une soeur indigne si elle ne se pointait pas. Alors elle s'avance, le pas calqué sur celui, bien trop lent à son goût, de la famille devant elle. Sa famille, à elle, est déjà installée, les photos qu'elle reçoit de toutes parts en témoignent, l'air de dire qu'elle les fait attendre alors que le match est encore loin de débuter. Ils sont comme ça, pressants, sauvages, insortables une fois réunis – à tel point qu'elle croit déjà distinguer les hurlements dignes d'animaux de ses aînés chahuteurs. Mais c'est un autre cri, qui attire son attention, et elle se retourne vivement, la main trouvant instinctivement sa hanche, à laquelle l'arme n'est plus attachée depuis la fin de son service. Un grognement s'extirpe de ses lèvres tandis qu'elle se fraie un passage à coups de coudes, un « police, connard » à l'intention du type qui lui file un coup de coude en retour. Pas le temps, cependant, d'épiloguer et de le lui faire regretter. Un homme inconscient convulse au sol, beaucoup trop entouré. « Toi », elle attrape le bras d'un gamin (Hadès), son regard accrochant le sien. « Fais reculer la foule, et appelle une ambulance. » Par souci d'efficacité, elle lui fourre son propre téléphone entre les mains avant de s'agenouiller auprès du patient. « Dis leur où nous sommes et ce qui se passe. Précise qu'il s'agit d'un homme de moins de trente ans, et que le lieutenant Coghlan est sur place, compris ? » Elle ne s'est pas retournée pour vérifier qu'il acquiesçait, sans doute trop habituée à ce que l'on exécute ses ordres sans broncher. Son attention désormais portée sur le groupe qui semble être la famille, elle s'enquiert de possibles antécédents et, les convulsions prenant fin, vérifie que l'homme respire encore, basculant doucement sa tête en arrière. « Il respire », ajoute-t-elle à l'intention du gosse chargé de téléphoner aux urgences et, ce faisant, elle fait lentement basculer l'homme en position latérale de sécurité, se laissant retomber à côté avec une foutue boule au ventre, aussi calme veuille-t-elle paraître.