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 - My heart breaks a little when I hear your name -

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Oisín O'Sullivan
breathe in and out

Oisín O'Sullivan

- this is me› messages : 35 › inscription : 13/05/2020
› pseudo : madaaame
› âge : 45
› status : Married, two children
› address : Military Base, West Side
› affiliation : none.
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› roleplay:
› guilty pleasures:
› color code: teal

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MessageSujet: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 0:30

Oisín O'Sullivan
Aim High... Fly, Fight, Win !



âge, naissance / 45 ans, né le 07 mars 1975 à (London)Derry, Irlande du Nord, d'un père nord-irlandais et d'une mère américaine. nationalité / nord-irlandais et américain. emploi, $$$ / Colonel de l'US Air Force. statut civil, sexualité / Hétérosexuel - Marié, deux enfants. affiliation / Aucune. à chicago depuis / fin 2014. groupe / Chicago Lions.


( get to know me )
Bon vivant, loyal, cynique, sens des responsabilités, sanguin, peu bavard, vif d’esprit, attaché à sa famille et ses racines, aventureux, autoritaire, fier.

I’m fine, Doc. I really am.
Certes, en trois mois, il n’a pas encore eu le temps de se remettre complètement de son emprisonnement. Il n’a pas encore récupéré sa musculature puissante ni même ses poignées qui font fondre sa femme – mais ça, il ne s’en plaint pas, il ne les a jamais tellement appréciées celles-là. Il sait que ses joues sont encore un peu trop creusées, et que ses cernes sont trop noires pour ne pas trahir les courtes nuits.
Mais il donne le change.
Comme toujours.
Il ne trompe pas vraiment le médecin, d’ailleurs. Mais ce dernier fait mine de ne pas relever et joue le jeu d’un patient qui n’a pas envie de s’éterniser.
Il n’a jamais vraiment aimé l’hôpital. Depuis le premier accouchement de sa femme, à bien y réfléchir, il a commencé à détester cet endroit qui, pourtant, devrait être rassurant. Et son dernier séjour prolongé ne l’a pas encouragé à l’apprécier davantage.
Il n’avait alors qu’une hâte : pouvoir à nouveau manger quelque chose de comestible et qui ne soit pas de cette horrible purée accompagnée de gelée verdâtre en guise de dessert.
La consultation se poursuit. Le médecin vérifie que la main droite du Colonel O’Sullivan s’est remise des multiples fractures subies. Il ne retrouvera sans doute jamais sa dextérité première, lui avait-on rapidement fait remarquer. Des hommes plus jeunes que lui n’y sont pas parvenus après des mois de rééducation, et il lui faut commencer à envisager de finir sa carrière cloué au sol.
Et il n’y a pas que les médecins qui le lui disent. Il y a sa femme aussi, qui, elle, va plus loin dans la demande et attend de lui qu’il prenne sa retraite, purement et simplement. Après vingt-deux ans de service, il peut largement y prétendre !
Suivant les demandes du docteur, Oisín esquisse plusieurs mouvements avec sa main droite, plie les doigts, grogne face à la raideur de certaines phalanges. Il doit encore suivre plusieurs semaines de rééducation, évidemment. Ça se comptera peut-être en mois, d’ailleurs.
Il ne veut pas penser à l’après. Quitter l’armée ? C’est envisageable, autant pour sa famille que pour les beaux yeux d’une personne qui le hante beaucoup trop. Mais pour faire quoi ? Il n’est pas encore grabataire, qu’il sache ! Du haut de ses quarante-cinq ans, il est dans la force de l’âge et ne se voit pas s’enfermer dans un boulot de bureau. Il n’oublie pas qu’il pourrait rejoindre l’ingénierie civile, ou même rejoindre les personnels civils de l’armée de l’air pour s’occuper des engins restés au sol. Mais pourrait-il vraiment renoncer à l’adrénaline, à la camaraderie ?
Il récupère son tee-shirt quand le médecin lui annonce qu’ils en ont fini et l’enfile avec des gestes précautionneux pour ne pas tirer sur ses cicatrices encore fraîches. Il répond d’un air un peu distrait quand on lui rappelle la date de leur prochain rendez-vous de suivi ainsi que les séances de rééducation.
Et ne tarde plus à prendre la poudre d’escampette, impatient de se tirer de ce rendez-vous qui le met mal à l’aise.
Il n’aime pas se sentir ainsi vulnérable. Il préfère de loin la posture du père de famille, l’homme solide qui protège et veille à la sécurité de chacun, sans vraiment se rendre compte qu’il s’agit d’un schéma qu’il répète sans y faire attention. Non pas qu’il considère les femmes comme ses inférieures, bien sûr, mais l’éducation catholique et ses principes patriarcaux ont laissé des traces chez cet homme qui ne les a jamais vraiment remis en question.
Hi Dad !
La portière de la voiture claque et le Colonel laisse un sourire s’esquisser en voyant sa fille revenir de l’école en même temps que lui revient de son rendez-vous. Sa petite fille, son bébé. Et pourtant, elle a déjà tout de la jeune femme. Il la regarde toujours avec cet éclat de fierté dans le regard, celle du père qui aime ses enfants plus que tout et qui déplacerait des montagnes juste pour les voir sourire. Il n’est pas moins fier de son fils, même s’il préfèrerait le voir passer moins de temps sur sa console, fait-il remarquer en avançant dans la maison. Un ronchonnement tout adolescent lui parvient depuis le canapé, mais ne l’inquiète pas : Patrick sait pertinemment que s’il fait trop mine d’ignorer le message, son père coupera éteindra purement et simplement la console sans préavis – et sans lui laisser la possibilité de sauvegarder sa partie.
C’est que les militaires ne sont pas connus pour leur laxisme, et qu’il n’y fait pas exception.

________


Medical Care □ Un médecin, une infirmière, ou un patient même, rencontré à l’hôpital. Oisín vient d’y passer un certain temps et après quelques temps, il a pu se montrer plus amical avec les personnes qu’il cotoyait au quotidien. Une sorte de thérapie pour lui aussi, une façon d’oublier les horreurs vécues pour revenir à des rapports plus simples et plus sains.

Neighbours □ Une famille qui en côtoie une autre, un couple qui se rapproche de ses voisins, ce sont des situations habituelles du quotidien. D’autant plus que, dernièrement, réaliser les travaux d’entretien de la maison devient plus compliqué pour Oisín qui se voit contraint d’accepter les mains tendues, quand bien même doit-il s’asseoir sur sa fierté mal placée pour ça.

Sport Friends □ Vous voyez en dents de scie depuis plusieurs années parce que vous fréquentez la même salle de sport. Par besoin de s’affranchir un peu de l’atmosphère étouffante de la base, Oisín a délaissé les équipements fournis sur place pour trouver un lieu plus adapté en ville. Il ne s’y rend pas forcément pour la performance mais plus pour pouvoir se détendre, et éventuellement se faire des copains.
Il garde l’entraînement sérieux pour le boulot.

________


( everyday superhero )

Part One
Mars 1975
Are you really sure of yourself ?
Tu es vraiment sûr de toi ?
Les époux échangent un regard lourd de sens, bien qu’ils sachent l’un et l’autre la réponse à cette question. Cela fait des mois qu’ils se préparent à l’arrivée de leur troisième enfant. Ils ont eu un débat passionné à la naissance de leur fille aînée pour choisir son prénom. Non pas que Cate ait de réelles réserves à donner un prénom des plus irlandais à ses enfants, bien sûr. Les sonorités si poétiques, les orthographes pour le moins étrange, le doux parfum de ce pays dans lequel elle vit depuis maintenant plusieurs années... Ils ont tout pour plaire.
Mais dans le contexte actuel, est-ce vraiment une bonne idée ?
À la naissance d’Aoife, ils ont longuement pesé le pour et le contre. Un prénom à consonnance religieuse, plus particulièrement catholique, serait difficile à porter dans cette partie de l’Irlande. Mais un prénom celtique ? Autant dire que leurs enfants devront traverser la frontière d’une façon ou d’une autre s’ils veulent trouver du boulot.
Puis lorsque Siobhán a fait son apparition, l’ambiance s’était tendue encore d’un cran supplémentaire sur ce petit bout de terre coincé entre les montagnes et la mer. Mais ils s’étaient dit que ça irait.
Aujourd’hui, le doute n’est plus permis. Les relations entre la Grande Bretagne et sa plus proche colonie sont plus instables que jamais, et Eoin, républicain convaincu, est au premier plan. Ils ont encore en tête, tous les deux, la tragédie qui a secoué leur ville trois ans auparavant.
Sunday, Bloody Sunday...
Pourtant, ils ne renoncent pas à ce qu’ils considèrent comme une marque d’indépendance, une provocation supplémentaire envers ce qu’ils voient comme une autorité illégitime.
I am.
Je le suis.
D’un même geste, les deux parents baissent le regard vers le tout petit garçon gigotant dans les bras de sa mère, dérangé par la conversation alors qu’il tente de trouver le sommeil. Il s’enfonce dans la couverture, appuie son petit poing potelé contre le sein nourrissier.
Oisín it is, then.
Ce sera Oisín, alors.

Juin 1983
Quand on est enfant, tout est toujours merveilleux.
Enfin, presque. Il n’est pas tous les jours facile d’être le petit dernier. Les deux grandes soeurs adorent l’embêter, lui faire passer un sale quart d’heure quand il a l’outrecuidance de rétorquer, et s’octroient des privilèges sous prétexte qu’elles sont les plus grandes. Ce ne sont que des chamailleries d’enfants, mais aujourd’hui, Oisín n’en peut plus. Plutôt que de jouer dans le jardin avec les deux filles, il préfère demander l’autorisation d’aller chez leurs voisins. C’est avec un doux sourire que Cate laisse son petit garçon filer dans la maison d’à côté.
Elle a bien vu la tendresse naissante entre son fils et la petite voisine. Ce ne sont que des enfants, mais on voit déjà, sous couvert de la simplicité des rapports enfantins, la complicité et l’affection qui les lient l’un à l’autre. Ils se sont tout de suite entendus, tous les deux, et ce dès que Faith et ses parents ont emménagé dans le quartier.
Combien de temps les deux petits s’étaient regardé à la dérobée, guettant d’un jardin vers l’autre ? Il avait fallu que Siobhán lance le ballon un peu trop fort pour le contact entre les deux plus jeunes se fassent. Et depuis ils se voient régulièrement.
À l’école. Après l’école. Les week-ends. Ils jouent aux jeux de société, échangent les cartes d’un jeu à la mode, évoque héros de roman qu’ils ont lu tous les deux.
Ils sont loin des tracas du monde des adultes. Loin des tensions qui s’exercent. Oisín ne s’inquiète pas des retours tardifs d’un père qu’il ne voit que les week-ends, pas plus que de l’angoisse que sa mère tente de faire disparaître dans les attentions renouvelées qu’elle a envers ses enfants. Ils n’ont pas conscience des attentats qui secoue les vertes contrées d’Irlande du Nord.
Ils entendent des histoires, bien sûr. Ils sont tous touchés à leur façon, ont tous perdu un proche de la famille d’une façon ou d’une autre, sans trop savoir ce qu’il s’est réellement passé. Rien qui ne les empêche de vivre avec insouciance ces premières années de leur vie.

Novembre 1984
Dear Faith,
Assis à la table de la cuisine, Oisín réfléchit. On commence une lettre comme ça, mais qu’écrire après ? Tout était allé tellement vite ces dernières semaines qu’il n’était même pas sûr de se souvenir de tout. Il y avait eu l’absence de Papa, pendant plusieurs jours. L’angoisse de Maman, bien sûr, mais aussi d’Aoife et Siobhán, assez grandes pour savoir que quelque chose d’inquiétant s’était passé pour qu’il ne rentre pas à la maison. Il avait eu peur, se souvient-il, sans savoir si c’était parce qu’il craignait vraiment qu’il arrive quelque chose à son père ou si c’était parce qu’il avait absorbé l’ambiance pesante de la maison.
Et puis il était revenu. Amaigri, le visage tuméfié, presque méconnaissable. Dans les mots qu’il avait échangé avec leur mère, Oisín n’avait réussi qu’à surprendre quelques brides : ça parlait de garde à vue, de violences, d’interrogatoire. Il y a aussi le nom de Thatcher qui revient plusieurs fois.
Du haut de ses neuf ans, il ne comprend pas trop ce que le Premier Ministre vient faire là dedans, sans faire le lien avec l’attentat qui a eu lieu à Brighton dans les jours précédents. On ne lui expliquera jamais si son père était directement impliqué, s’il savait des choses, ou si c’était ses liens avec l’IRA qui avait conduit à cette arrestation pour le moins musclée.
Tout ce qu’il sait alors, c’est qu’ils doivent quitter le pays. Et que traverser la frontière pour aller vers le sud n’est pas une option.
La famille n’est plus en sécurité à Derry : ils ont donc dû partir en catastrophe, abandonnant tout derrière eux pour rejoindre le pays de la mère de famille : les Etats-Unis.
Le bout du stylo entre les lèvres, le garçon essaie de remettre la suite des évènements en place. Il a dû faire ses bagages avec ses soeurs, et ils sont allés s’installer en catastrophe chez leurs grands-parents en banlieue de New York. Pour le moment, ni Papa ni Maman n’ont de travail, donc ils ne peuvent pas avoir d’appartement à eux.
Et lui est obligé de partager une chambre avec ses deux soeurs, ce qui ne plaît à aucun des trois.
Puis une idée lui vient enfin. Il écrit rapidement quelques excuses sur son papier à lettres, pour faire savoir à la petite fille restée en Irlande qu’il n’a pas eu le temps de lui dire au revoir. Il ne s’attarde pas sur les détails, et s’attache alors à lui faire part de tout ce qui est bizarre ici. Les américains parlent avec un accent bizarre, et puis tout est énorme ici.
Ce sera le début d’une longue correspondance pour relier l’Europe au Nouveau Continent.

Juillet 1990
Depuis quelques jours, c’est l’effervescence.
Après des moments difficiles, la famille O’Sullivan a su s’adapter à sa nouvelle vie. Les trois enfants ont dû apprendre ce qui tient presque de la nouvelle langue – comment ça, les américains utilisent pas le mot craic ? Mais c’est un mot qui sert à tout ! – et se refaire un cercle social. S’adapter à une nouvelle culture, qu’ils n’avaient fait qu’effleurer au travers des récits de leur mère et des visites irrégulières de leurs grands parents.
Ça n’a pas été simple tous les jours. Oisín s’est fait remarquer à l’école bien trop vite au goût de ses parents. À peine un mois ou deux après leur arrivée, il se battait déjà avec ses camarades, et avec une régularité inquiétante. C’est que l’accent irlandais n’est pas du goût de tout le monde, et qu’il ne se laissait pas faire, p’tit père.
Alors on a voulu le mettre au sport, pour lui permettre de décharger cette rage qui s’était finalement éveillée en lui. Aucun n’avait trouvé grâce à ses yeux : ils ne demandaient pas la stratégie du football gaélique ou la technicité du hurling... Et puis, finalement, on l’avait inscrit aux sports de combat.
Et il avait adoré ça.
En tout cas, si Oisín suit une scolarité en dents de scie, ce n’est pas le cas de sa soeur aînée qui espère pouvoir mener de brillantes études. La famille n’ayant pas les moyens de les lui faire suivre dans leur pays d’accueil, Aoife a décidé de retourner en Irlande.
Mais côté République, cette fois : elle part pour Dublin.
Alors toute la famille s’organise, l’aide à préparer son départ, Oisín y compris, bien qu’il se montre pour le moins bougon. Si elle retourne en Europe, cela signifie qu’ils ne la reverront pas souvent. Et l’adolescent n’aime pas tellement voir son petit monde changer.
Il ne se doute pas, alors que la famille accompagne Aoife à l’aéroport, qu’elle ne reviendra pas et s’installera là-bas durablement.

Septembre 1993
Yeah ? Och, Ma’, you know you don’t have to call me everyday, right ?
Ouais ? Oh, M’man, tu sais que tu es pas obligée de m’appeler tous les jours, hein ?
Parle toujours mon lapin. Le petit dernier est parti pour l’Alabama, et la maison paraît bien vide maintenant qu’il s’en est allé. Avec l’aînée en Irlande et la cadette partie en Californie, c’est à se demander ce qu’elle a fait au bon Dieu pour que tous ses enfants mettent autant de distance entre eux et leurs parents ! Alors Cate compense comme elle peut et essaie de s’accrocher encore un peu à son petit garçon – oui, alors qu’il a dépassé le mètre quatre-vingts – désireux de goûter à l’indépendance.
Depuis que Siobhán est partie, il étouffe. Il a l’impression d’avoir sa mère en permanence sur le dos, et il subit plus encore la pression paternelle – qui n’est déjà pas des moindres en temps normal. Ses résultats scolaires ne lui permettaient pas d’entrer dans de grandes universités, d’autant plus qu’il n’arriverait jamais à décrocher une bourse d’études.
Mais il était hors de question qu’il aille à l’université la plus proche de chez lui.
Alors il avait cherché. Il avait fouillé. Sa senior year avait sans doute été la meilleure de sa scolarité, comme s’il avait enfin compris qu’il tenait là le passeport vers sa vie future, une vie faite d’indépendance et d’aventures.
Loin du cocon familial imposé par une mère qui n’avait jamais réussi à se libérer d’une angoisse accumulée pendant ses années de vie en Irlande du Nord.
Comment en était-il venu à se poser la question de l’armée ? Aujourd’hui, il serait bien incapable de s’en souvenir. Une campagne de recrutement, peut-être. L’encensement autour des vétérans du Vietnam, ou bien la façon dont on mettait en avant les héros revenus de la guerre du Golfe. Ou bien un tract attrapé négligemment dans la rue, peut-être même avait-il poussé la porte d’un centre de recrutement, curieux.
Toujours est-il que l’idée a fait son chemin.
L’armée.
Il n’y avait jamais songé.
Mais c’était une occasion rêvée : il rejoignait la réserve, et une partie de ses études étaient payées.
Et puis, mine de rien, l’aviation, ça l’avait toujours fasciné, dès le premier orteil mis dans une carlingue alors qu’il n’avait que huit ans.
Aye, aye,” répond distraitement le jeune homme à une remarque quelconque. “’Tis fine, don’t you worry. Gotta go, talk to you later.
Ouais, ouais. Tout va bien, t’en fais pas. J’dois y aller, à plus tard.
Il raccroche le combiné dans un soupir agacé. À croire que même en mettant plusieurs centaines de kilomètres entre lui et sa mère, elle n’était toujours pas prête à lui lâcher la grappe. Il se passe une main sur le visage, tente de ne pas s’agacer plus que de raison avant de prendre ses affaires pour rejoindre le campus.
S’il y a bien une chose qu’on ne tolère pas au Community College of the Air Force, ce sont les retards.

Août 1994
Il est beaucoup trop nerveux.
Au milieu d’autres badauds regroupés dans le hall de l’aéroport, Oisín remet en place une mèche de cheveux courts qui n’a pas besoin de l’être. Il guette le panneau des arrivées à le recherche du vol qu’il attend, dévisage chaque personne qui sort des entrailles du bâtiment, valise à la main.
Il a reçu une lettre d’Irlande, il y a de cela un mois déjà. Rien d’anormal à ce sujet, si ce n’est le fait que deux amis d’enfance aient réussi à maintenir une correspondance régulièrement pendant toutes ces années et ceux alors qu’ils n’étaient encore que des enfants.
Cette lettre, il l’a lue.
Et relue.
Plusieurs fois.
Sans réussir à croire ce qu’il y lisait.
Après une année à l’université de Belfast, Faith a obtenu un échange avec une université américaine de la Côte Est. Elle ne sera certes pas en Alabama, mais elle sera plus proche de lui qu’ils ne l’ont plus été depuis... Depuis bien trop longtemps. Elle est arrivée au début du mois pour pouvoir prendre le temps de s’installer, et a évoqué l’idée de venir passer quelques jours à Montgomery.
Et ça lui fait bien trop plaisir.
Alors il est là, maintenant, à piétiner d’impatience, ravi qu’il est de se dire qu’il pourra, très vite, revoir cette amie laissée derrière lui pour des causes qui les dépassaient alors. Cette joie est toutefois largement dominée par sa nervosité.
Ça fait dix ans qu’ils ne se sont pas vus.
Il a beaucoup changé en dix ans. Les rondeurs de l’enfance ont fait place à un visage bien plus anguleux, à des traits plus marqués. Il a perdu ses quelques taches de rousseur, a vu sa carrure se développer, ses épaules se carrer. Et elle ?
Il n’attend plus très longtemps avant de le savoir, et, malgré les années, la reconnaît immédiatement. Ses boucles rousses, son sourire rayonnant, ses grands yeux noirs sont exactement comme dans ses souvenirs.
Son enthousiasme débordant aussi, alors qu’elle se jette littéralement dans ses bras et qu’il peine quelque peu à la rattraper face à tant d’euphorie.
Une allégresse pourtant partagée.
Ils ne se sont pas vus depuis dix ans, et elle est bien là.
Mieux encore : elle compte rester là pendant les deux prochaines semaines, avant que la rentrée universitaire ne les renvoient à leurs obligations.
C’est avec un plaisir non dissimulé que les deux amis d’enfance se retrouvent et renouent avec une complicité inchangée. Oisín lui fait visiter les environs, l’amène loin des sentiers touristiques – on ne va pas parler que de Martin Luther King pendant deux semaines ! – lui fait découvrir les charmes cachés de cet état du sud. Faith lui rappelle les vertes prairies irlandaises, fait chanter son accent, et ils se surprennent parfois à ne plus échanger en anglais mais en gaélique, la langue de leur enfance, enseignée par des parents refusant de renoncer à cet héritage. Les rires sont de mise, ponctués parfois par une remarque plus cynique qu’une autre, un trait d’esprit plus vaseux que les précédents, un sous-entendu qui n’a plus rien d’innocent.
À quel moment se sont-ils rendu compte qu’il ne s’agissait absolument plus d’amitié ?
En ce qui concerne Oisín, ça a été quand il a senti ses lèvres contre les siennes, sans savoir lequel des deux avait amorcé ce mouvement tout à fait spontané. Mais dès qu’il a goûté à ces délices irlandaises, il a su qu’il n’arriverait plus à s’en passer.

Janvier 1996
A chroí ?
Après les célébrations des fêtes de fin d’année, il leur reste, à l’un comme à l’autre, une semaine de congés. Rompu de fatigue après plusieurs soirées en famille dans les alentours de New York, Oisín n’aspire qu’à un peu de repos. Et ça tombe bien, parce qu’il a prévu de passer ces derniers jours avec sa petite amie. Ils se sont si bien entendus – ahem – qu’elle a décidé que ses études américaines se prolongeraient, et qu’elle finirait son diplôme ici. Encore quelques mois, et ça sera dans la poche. Ils ont des projets, déjà, pas tous très réalistes, comme deux jeunes gens peuvent en avoir alors qu’ils démarrent à peine leur vie à deux. Elle le rejoindra en Alabama le temps qu’il termine ses études d’ingénieur en aéronautique, et ensuite ils se laisseront porter par les promesses d’une vie inconsistante, traînés d’une base à l’autre peut-être, ils ne savent pas trop encore comment cela pourra se passer. Et puis après quelques années, ils auront économisé assez pour s’offrir une petite maison, et ils pourront se poser pour de bons, se marier, fonder une famille...
Faith ?
Face à l’absence de réponse, il a fini par ouvrir la porte. Sac sur l’épaule, avec des affaires pour tenir une semaine, il jette un oeil dans l’appartement de la jeune femme. L’inquiétude le gagne. Pourquoi la porte est-elle ouverte si elle n’est pas là ? Pourquoi n’est-elle pas venue ouvrir si elle est là ?
Il ferme derrière lui et laisse son sac tomber à terre dans un silence des plus total. Il ne sait pas à quoi s’attendre et se tient sur ses gardes. Il n’y a pas de raison qu’elle soit en danger, se dit-il, mais finalement, que sait-il de sa vie ici ?
Un son des plus disgrâcieux lui parvient. La salle de bain ? Il fronce les sourcils et s’y dirige, pousse la porte avec mille précautions et se détend de façon perceptible quand il découvre sa petite amie.
Pour s’inquiéter de plus belle en comprenant qu’elle est penchée sur la cuvette des toilettes et est l’auteure des bruits peu ragoûtant qu’il a entendu plus tôt.
Cad é mar atá tú ?” interroge-t-il en venant poser un genou à terre, à ses côtés. Elle ne va pas bien, de toute évidence. Est-elle malade ? Elle a l’air bien pâle alors qu’elle redresse le visage vers lui. Elle voudrait le rassurer, mais seule une grimace traverse son visage alors qu’elle se penche de plus belle. Il est alors condamné à rester là, impuissant, à ne rien pouvoir faire d’autre que de lui tenir les cheveux et de lui murmurer quelque parole tendre.
Ce n’est que de longues minutes plus tard qu’il la laisse se débarbouiller, allant leur préparer un café pour chacun, sans se douter de ce qui l’attend. Il la voit revenir, avec quelques couleurs revenues sur le visage. Il l’enlace dans un geste affectueux, l’embrasse sur le front avant de lui tendre une tasse.
Une tasse qu’elle n’a pas le temps d’attraper qu’il l’a déjà lâchée.
La céramique se brise, le liquide chaud se répand.
A l’indifférence générale.
Elle vient de lui annoncer être enceinte.

Mai 1996
I can’t do this...
Je vais pas y arriver...
D’un geste maladroit, le jeune homme glisse les doigts entre son cou et son col comme pour desserrer ce dernier. Il est mal à l’aise dans son costume. Il se sent engoncé dans le tissu, le cou enserré aussi sûrement que s’il l’avait été par la corde qu’on y passera dans les instants qui viennent.
Oui, bien sûr qu’il l’avait envisagé. Il savait que ça arriverait, tôt ou tard. Quand on vient d’une famille dont la tradition catholique remonte à la nuit des temps, on a du mal à envisager une vie de famille sans passer par l’étape du mariage. Mais pas si vite !
Ils n’ont que vingt-et-un ans !
C’était pourtant paru comme la chose la plus sensée à faire. Les choses allaient être suffisamment difficiles pour Faith sans lui rajouter le fardeau de l’homme lâche, incapable de faire face à ses responsabilités. Face à son angoisse, il a dédramatiser. Face à ses craintes, il s’est efforcé d’être un soutien solide.
Et pourtant, il n’en mène désormais pas bien large devant son miroir.
Il a l’air d’un manchot dans son smoking.
Ils avaient organisé le mariage en catastrophe : hors de question que l’enfant naisse d’une union illégitime ! Les maigres économies du futur officier avaient fondu comme neige au soleil, quand bien même avaient-ils organisé une cérémonie intime.
Loin des rêves de petite fille de celle qui allait devenir sa femme.
Un lourd soupir lui échappe alors qu’il tente à nouveau de desserrer l’emprise du col autour de son cou. Ça va bien trop vite. Ils avaient tellement de choses à vivre encore !
Vont-ils devoir attendre vingt années supplémentaires pour voir leur enfant quitter le nid avant de pouvoir enfin vivre pleinement ?
Oisín secoue la tête pour chasser ses pensées mélancoliques. Il ne faut pas penser à ce qui aurait pu être. Se concentrer sur la réalité. Le présent. Et au présent, il avait à ses côtés une jeune femme qui avait besoin de son soutien plus que jamais.
Pour le meilleur et pour le pire.


Août 1996

Oisín...
Hmmmgrmpf?
Une première paupière se lève, paresseuse. Confortablement installé contre le dos de sa femme, un bras l’enserrant dans leur sommeil, le jeune homme n’a de toute évidence aucune envie de se réveiller. Faith le repousse tout de même, déclenchant un concert de grognements mécontents. Non pas qu’il soit de mauvaise constitution, mais il est comme tout le monde : le réveil impromptu au milieu de la nuit, ça n’aide pas son humeur.
Oisín... We need to go to the hospital.
Hmmmmm...
Oisín, on doit aller à l’hôpital.
Ah, il émerge. Les sourcils se froncent dans l’effort surhumain qu’il fournit pour lutter contre le sommeil, et, tout doucement, ses instincts se remettent en route. Il s’approche de la jeune femme, l’enlace tendrement comme s’il ne voyait pas où pouvait bien être le problème et...
C’est au tour des neurones de se connecter.
Hospital ? You mean...
Aye, I think the labour has begun.
L’hôpital ? Tu veux dire...
Oui, je pense que le travail a commencé.

Il n’en faut pas plus. Le jeune homme écarte les couvertures et bondit sur ses pieds. La douche ? C’est surfait ! Il a déjà enfilé les premières fringues qui traînaient par là et attrapé le sac d’hôpital – préparé en avance, un conseil de Maman – avant de se rendre compte qu’on avait quelque peu besoin d’aide de l’autre côté du lit. Il abandonne le sac, revient vers sa femme, l’aide à enfiler des vêtements confortables, ses chaussures, et la soutient jusqu’à la petite voiture qu’on leur a offert pour leur mariage.
Il s’en faut de peu pour qu’il oublie le sac !
Abandonnant sa moitié dans la voiture, il court jusqu’à l’appartement qu’ils partagent désormais, attrape les affaires d’hôpital et s’installe derrière le volant.
Blême comme un linge, à ne pas trop savoir quoi faire pour aider Faith qui, elle, a l’air de ne pas passer le meilleur moment de sa vie. Il parle plus que de raison, tente de la rassurer, essaie de lui montrer son soutien à sa façon.
L’arrivée à l’hôpital lui paraît chaotique, alors que le personnel soignant s’occupe de tout avec un professionnalisme exemplaire. Les deux jeunes gens sont accompagnés en salle de travail, et c’est main dans la main qu’ils resteront des heures durant, murmurant quelque parole, quelque souvenir pour aider la jeune femme à traverser cette épreuve.
Il n’a pas tout de suite compris pourquoi la sage-femme lui a, au bout de plusieurs heures, intimé de sortir de la salle. Il n’a tellement pas compris qu’il a fallu qu’on lui pose la question à plusieurs reprises avant qu’il ne conteste. Pourquoi donc ? Il n’allait pas la laisser seule !
Mais c’est pourtant bien ce qui arriva. Et désormais seul dans la salle d’attente, rongé par l’angoisse – car pour quelle autre raison que celle de complications inattendues pouvait-on avoir décidé de le mettre à l’écart – Oisín fait les cent pas sans même s’en rendre compte. Depuis combien de temps est-elle là-dedans ? Combien d’heures devra-t-il encore attendre avant d’aller la rejoindre ?
Et si sa vie était en danger ?
Il ne l’a jamais envisagé. Après tout, qui, de nos jours, meurt lors d’un accouchement ?
Aussi blanc qu’un cachet d’aspirine, il enchaîne les cafés, hésitant même à demander une cigarette à cet autre père qui attend dans la salle alors qu’il ne fume même pas – mais peut-être cela saura-t-il calmer ses nerfs ?
Il ne sait pas combien de temps s’est écoulé quand enfin une infirmière appelle son nom.
Il se tourne immédiatement vers elle et n’a pas besoin de l’entendre annoncer la nouvelle pour comprendre qu’elle sera mauvaise. Il a toujours eu un certain esprit de déduction, et sait lire les expressions comme personne.
I’m sorry...
Je suis désolé...
Debout sur le pas de la porte, Oisín a été saisi par la vision de sa femme. Les épaules affaissées, le regard dans le vague. Elle a tourné les yeux vers lui quand il a ouvert la porte, mais ne semble pas le voir. Alors seulement se rend-il compte de toute l’étendue de sa détresse. Il étouffe alors la sienne au plus profond de lui-même et se force à avancer jusqu’à elle.
Entrelace ses doigts auxsiens.
I’m so sorry...
Je suis tellement désolé...
Désolé de n’avoir rien pu faire. Désolé de ne pas avoir pu l’empêcher. Désolé de ne pas avoir pu la protéger de cet immense vide qu’ils allaient devoir affronter. Désolé de son irresponsabilité qui l’avait amenée à cette grossesse.
Sa large patte serre la main, plus délicate, de sa jeune épouse, comme pour lui dire qu’il ne répètera pas cette erreur. Qu’il sera là pour elle. Sans se douter de l’épreuve que cela va être pour eux deux. De la violence que ça va réveiller en lui, jusqu’au jour où il la laissera sortir en s’acharnant sur le mobilier de la chambre d’un enfant qui n’a jamais vu le jour. De la peine, du vide qu’ils devront tous les deux surmonter.
Du temps que cela leur prendra.
Pour finalement les rapprocher plus que jamais.

Octobre 1998
Back ?
Sourcils froncés, Oisín a suspendu son geste réflexe en voyant sa femme approcher les doigts d’une coupe de mousseux. Cela fait deux ans, maintenant, qu’ils ont perdu celui qui aurait dû être leur fils, mais il a toujours ce mouvement un peu étrange quand elle veut boire de l’alcool, comme si c’était impensable qu’elle ait une telle envie. Il n’a pas eu le temps de finir son geste, toutefois, interdit face à la remarque de son père.
Ce dernier confirme : les deux parents retournent en Irlande du Nord. Les choses ont changé, là-bas, explique-t-il. La mise en place des Accords du Vendredi Saint met fin à une période de guerre civile entre catholiques et protestants. L’Europe ouvre la frontière vers le sud, ce qui leur permettra de se rapprocher d’Aoife qu’ils voient si peu souvent. Et Eoin veut pouvoir profiter encore de ses parents restés là-bas, là où ceux de Cate les ont quitté quelques mois plus tôt.
Il ajoute que l’installation aux Etats-Unis n’a jamais été que provisoire, et qu’ils ne faisaient qu’attendre le bon moment pour rentrer.
Maintenant, la paix est à construire, et il veut en être.
Le grondement agressif qui monte de la gorge d’Oisín résume parfaitement ce qu’il en pense : ce n’est rien de plus qu’une fuite en avant. Un leurre. Les choses ne seront pas différentes, là bas. La paix à construire... Certes, mais des années de défiance entre communautés ne se balaieront pas d’un simple geste de la main.
Maybe the two of you should think about it,” relève Cate en posant les yeux sur Faith.
Peut-être que vous devriez y penser aussi, tous les deux.
Cette dernière hausse les sourcils avant de les poser sur son mari. Ils n’ont jamais envisagé retourner en Irlande. Elle est venue sur le Nouveau Continent en toute connaissance de cause, et depuis maintenant quatre ans, elle s’est adaptée à sa patrie d’adoption et se voit mal revenir en arrière.
Alors imaginez un peu pour celui qui a été déraciné et qui a eu toutes les difficultés du monde à s’en remettre !
Et puis, ça n’était pas si simple. Maintenant qu’il s’est engagé dans l’armée américaine, le retour en arrière n’est pas aussi simple. D’autant plus qu’une partie de ses études a été financée par cette même armée, et qu’il leur doit un minimum de service en retour.
Non et puis c’était absolument incongru de leur faire une telle proposition.
Et le ton monte entre le père et le fils. Les arguments, d’abord rationnels, deviennent farfelus. Les reproches gardés pendant des années remontent, se succèdent, avec plus ou moins de fondement.
Au bout d’un moment, Oisín craque et tape du plat du poing dans le mur le plus proche dans l’espoir de décharger sa colère. Il n’a pas apprécié que son père sous-entende qu’il puisse renier ses origines. Mais il a enfin compris que cette dispute ne menait à rien. Alors il préfère se détourner et part prendre l’air pour calmer ses nerfs.
Avant de commettre un acte qu’il pourrait regretter.

Avril 1999
Il fait encore nuit.
Pourtant, tous les soldats de l’unité sont parfaitement éveillés. Le brief a été clair, les cibles parfaitement identifiées. Restait maintenant à mener l’opération.
Voici de longues semaines maintenant qu’Oisín n’a pas revu sa femme. Il ne pensait pas revenir en Europe dans le cadre d’un déploiement non plus, il faut dire. Quelques mois plus tôt, il était encore incapable de situer le Kosovo, ou même la Yougoslavie, sur une carte...
Ils marchent tous d’un même pas habitué, synchronisé. Les derniers regards s’échangent, puis chacun grimpe dans l’avion de chasse qui lui est attribué. La cible du jour est civile : les studios de la Radio-Télévision de l’Etat Serbe. On est loin des idéaux de batailles rangées, où les seuls à risquer leur vie sont ceux qui ont choisi de se battre pour leur pays.
Combien de civils devront encore tomber pour qu’enfin la paix se fasse dans les balkans ?
L’avion décolle avec son lot de sensations familières. Oisín se laisse envahir par le court instant de bien-être que cela lui procure, rejetant ses réflexions qui lui paraissent bien naïves.
Bien enfantines, encore.
La guerre a-t-elle jamais été propre ?
Après tout, lui qui se bat depuis les airs n’aura sans doute que très rarement l’occasion de voir l’ennemi dans le blanc des yeux. Les vies ôtées ne sont qu’un nombre annoncé par les supérieurs, parfois relayé par les médias. Un nombre pour résumer les pertes militaires, les pertes civiles.
Un nombre.
Jamais un visage.
Alors pour eux, ils mourront commes ils ont vécu.
Anonymes.

Septembre 2001
Chaque citoyen américain se souvient de ce qu’il faisait le onze septembre.
Il est encore tôt. De retour à la base Joint Andrews Air Force, dans le Maryland, Oisín a dans l’idée de profiter d’un jour de permission bien mérité en compagnie de sa femme. Ils ont traînassé au lit, ce matin, chose qu’ils se permettent rarement. Faith ne travaille pas aujourd’hui, lui non plus, autant en tirer profit. Ils se sont chamaillé joyeusement au creux des draps, ont laissé les choses déraper tout à fait naturellement, toujours avec cette complicité qui les a toujours unis.
D’une humeur radieuse, le jeune homme a préparé un copieux petit déjeuner et l’amène jusqu’à la chambre conjugale. Il prend à peine le temps d’allumer la radio et commence à jouer avec sa compagne, déposant une goutte de sirop d’érable sur son nez, ricanant idiotement, quand un flash info se fait entendre.
Il en a oublié le pancake qu’il était sur le point d’avaler au moment où il entend le mot terrorist attack. Sourcils froncés, il abandonne sa pitence et monte le volume de la radio, soudainement très attentif. Il sent le mouvement de la jeune femme dans son dos, la main posée sur son épaule alors qu’elle doit écouter avec autant d’attention que lui. Elle n’est donc ni surprise ni vexée quand elle le voit se redresser brutalement et filer prendre une douche. Quand il en ressort, quelques minutes plus tard à peine et la moitié de son uniforme déjà enfilé, elle s’est installée dans la cuisine où elle finit son petit déjeuner.
Do you really have to ?
They’ll probably call me anyway. I’ll let you know.
Est-ce que tu dois vraiment y aller ?
Ils m’appelleront sûrement de toute façon. J’te tiens au courant.

Elle n’aime pas son mari quand il a ce côté professionnel. Il devient plus froid, plus succint aussi. Très factuel. Une déformation professionnelle, sans doute. Les premiers signes sont déjà là depuis son retour de Yougoslavie. Elle force tout de même un sourire sur son visage alors qu’il vient lui voler un court baiser.
Et puis, quelques secondes plus tard à peine, il est déjà parti.

Mai 2002
I... No, I...” Mais c’est quoi cette infirmière qui ne le laisse pas en placer une ? “But...” C’est quand même dingue cette histoire ! Elle est plus teigneuse qu’un pitbull ! “Miss, my wife !” finit-il par trancher d’un ton autoritaire. “Lieutenant O’Sullivan, I’ve been told my wife has been admitted to your hospital for a child birth.
Je... Non, je... Mais... Miss, ma femme ! Lieutenant O’Sullivan, on m’a informé que ma femme a été admise dans votre hôpital pour son accouchement.
Là. Maintenant qu’on l’écoute, ça va mieux. Les yeux de l’infirmière s’agrandissent et elle finit par le rediriger vers le service indiqué au lieu de lui barrer le passage à tout prix. Le pas rapide, l’air plus inquiet que de raison, l’officier remonte les couloirs, se fait indiquer la route une fois ou deux. La grossesse s’est excessivement bien passée, mais ça ne veut rien dire – c’était déjà le cas la dernière fois. Certes, cette fois ils avaient fait cet enfant en pleine connaissance de cause, et on ne pouvait pas dire qu’il n’était pas voulu. Mais le fantôme de leur enfant mort-né plane toujours, et il a peur que cette fois, ce ne soit pas le petit être mais la mère qui y reste.
Une angoisse qui ne le quittera pas, même quand il peut enfin entrer dans la salle de travail où Faith subit déjà des contractions bien trop importantes à son goût.
Tout a l’air de se passer bien, constate-t-il avec un certain soulagement. Il s’installe alors aux côtés de sa femme, attrape sa main, grimace en la sentant la broyer dans la sienne.
Where the feck have you been ?
T’étais où putain ?
Nouvelle grimace. Il se garde bien de répondre – était-ce vraiment important ? – puisque, quoi qu’il dise, ça ne serait pas recevable à ses yeux, et se contente d’être la présence solide et rassurante qu’il a toujours été. Une parole tendre, un encouragement dans une langue qu’eux seuls comprennent.
Et puis des cris.
La jeune mère, épuisée, esquisse un sourire, échange un regard avec son époux quand on lui pose le nouveau-né contre le sein.
Une petite fille.
Saoirse.

Avril 2003
Les nuits sont courtes.
La chaleur est étouffante.
Oisín se redresse de son lit de camp, s’étire longuement. Les bombardements sur Bagdad se sont multipliés ces derniers jours. Ils annoncent, immanquablement, l’arrivée des troupes au sol. Cela ne fait que quelques semaines qu’ils ont été déployés en Irak, et tous se demandent quand le régime de Saddam Hussein finira par tomber. Pourquoi sont-ils là ? En réponse au onze septembre, ça ne fait aucun doute.
Personne dans les rangs, pourtant, ne sait précisément la raison de leur présence ici. Oh, ils connaissent tous les raisons officielles, bien sûr, annoncées par le Président en personne quelques mois plus tôt quand il espérait l’aval de l’ONU pour envahir ce territoire du Moyen-Orient.
Le jeune officier tend la main vers ses effets personnels, et se rallonge une fois qu’il a trouvé ce qu’il cherche. Dans quelques semaines, Saoirse aura un an. Et il ne sera pas là pour le voir. Comme il a été absent pour ses premiers pas, comme le lui a appris Faith au téléphone. Elles lui manquent toutes les deux. D’un geste du pouce, il caresse le papier glacé qui lui renvoie leur image, quand bien même ne leur fait-il pas honneur. Sa femme a l’air des plus fades sur cette photo. Le sourire de sa fille est mille fois plus radieux.
Oui, elles lui manquent.
Mais c’est aussi de les savoir en sécurité, et d’avoir la conviction d’agir en ce sens en servant son pays qui lui permet de tenir ici. Malgré les cris, les bruits des armes à feu, l’odeur de décomposition et les camarades qui tombent au combat. Tant de choses qui font partie de son quotidien. Ce n’est pas tout, heureusement ! Il y a aussi l’humour gras dont ils font preuve, puisqu’ils ne sont qu’entre hommes dans son unité. Les moments de camaraderie. Les taquineries de mauvais goût.
Ça aussi, ça aide à tenir.
En attendant de pouvoir oublier cette peur qui prend aux tripes entre les bras de celles qu’il aime.

Novembre 2005
Saoirse !
La voix paternelle tonne, forte et autoritaire. La petite fille s’arrête net, coupée dans sa tentative de fuite. Ils n’ont pas pu confier la petite fille à un voisin, et ont dû l’emmener avec eux quand les contractions sont arrivées. Oisín est donc condamné à la salle d’attente, veillant sur la prunelle de ses yeux sans pouvoir en faire autant pour celle qui, en ce moment même, lutte contre la douleur de l’enfantement.
Balayant les inquiétudes, il attrape de ses grands mains l’enfant qui revient vers lui et la hisse jusqu’à la caler sur un de ses genoux. Il échange quelques mots avec elle, redevient l’homme joueur qu’il peut être en compagnie de ses proches. Il joue du bout de l’index sur le petit nez, tire délicatement sur une bouclette pour en vérifier le rebond, bref, il s’amuse avec la gamine qui le lui rend bien.
Lieutenant O’Sullivan ?
Saoirse s’est endormie contre le torse de son père, pouce calé dans la bouche. Lui-même a sauvagement assassiné au moins trois litres de café depuis qu’il est arrivé à l’hôpital. Il se redresse avec mille précautions, cale correctement la petite fille dans l’espoir de ne pas la réveiller et suit docilement l’infirmière jusqu’à la chambre de son épouse.
Un grand sourire, bien qu’un peu fatigué, accueille le père et la fille. Oisín prend le temps de poser délicatement sa petite chose dans un fauteuil, la couvre avec sa veste, avant de venir près de son épouse et du petit être qui tête le sein comme si sa vie en dépendait.
Un petit Patrick.

Juillet 2006

Il fait bon, ce matin.
Une belle matinée d’été. Quelque part en Californie, dans la base militaire de Marysville, deux époux s’adonnent à la tendresse matinale. Les nuits sont courtes, entre Saoirse qui se lève immanquablement à sept heures pétantes et Patrick qui ne fait toujours pas ses nuits. Ils profitent de la présence de l’homme de la maison ces derniers temps pour trouver un rythme confortable, mais ils savent tous les deux que ce n’est qu’une accalmie passagère. Les conflits en Irak sont loin de s’apaiser et Oisín risque d’y être renvoyé incessamment sous peu.
Les deux corps basculent, non sans avoir écarté les draps pour profiter du courant d’air venu du large qui leur apporte un peu de fraîcheur. Les lèvres se cherchent, se lient, se dévorent non sans une certaine impatience.
Combien de minutes avant de la petite fille se fasse entendre dans la cuisine, réclamant à tort et à cris qu’on la nourrisse ? Combien de temps de répit le petit dernier va-t-il accepter de leur octroyer avant de se mettre à hurler à nouveau ?
Pas très longtemps. Car dès que les deux amants commencent à se retrouver, des cris retentissent dans l’appartement.
Bon. Ça sera pas pour cette fois, donc.
Un regard s’échange entre les deux parents alors qu’Oisín se couvre de façon à peu près décente et file s’occuper de sa fille, déjà installée à table, cuillère à la main, pendant que Faith part calmer le petit sauvageon qu’ils ont tiré de ses entrailles.
Et c’est parti pour une nouvelle journée partagée entre les dessins, les jeux, les cris, les babillages, et j’en passe et des meilleures. Pourtant, ce sont dans ces instants d’insouciance que réside le vrai bonheur. Il en a parfaitement conscience et s’y complaît complètement.
De petits moments de bonheur.

Octobre 2007
I will have none of it, Lieutenant !
Je ne veux pas cela, Lieutenant !
Le dos dressé dans une posture des plus militaires, Oisín reste parfaitement impassible alors que son supérieur lui assène les ordres. Pourtant, il a la poitrine gonflée d’indignation, les mâchoires serrées, et regarde droit devant lui pour ne pas se retrouver à fusiller l’homme face à lui du regard.
La mission d’aujourd’hui a été un désastre. Sur son unité, ils ne sont que trois à être revenus, lui compris. Et il est hors de question qu’il laisse ses hommes derrière lui. L’esprit de corps se base sur la confiance mutuelle, et c’est à ces yeux là qu’est le rôle de l’officier : la vie de ses hommes est entre ses mains, et il est de son devoir de les ramener à la maison.
Autant que faire se peut.
Alors quand le Major Hopkins lui refuse quelques hommes volontaires pour aller les chercher, il ne peut que s’inscrire en faux. Les abandonner ainsi, derrière eux, sans se retourner ? Alors qu’ils sont sans doute vivants, peut-être même se cachant dans l’attente de renforts ? C’est insupportable.
Les tuer reviendrait au même.
Alors, quand le major lui permet de se retirer, Oisín n’hésite pas une seconde. Obéir aux ordres, c’est une chose ; y obéir aveuglément en est une autre.
Il est suivi par les deux autres survivants de l’unité. Et l’équipe se prépare, s’éclipse de nuit, chacun parfaitement conscient des risques encourus – bien que le Lieutenant O’Sullivan se garde des cartes pour leur permettre de s’en sortir, quitte à ce que lui s’enfonce un peu plus dans les ennuis.
Vous ne saurez pas ce qu’il s’est passé exactement cette nuit là – Oisín refuse catégoriquement d’en parler, comme c’est le cas pour la majorité de ses missions de terrain. Sachez simplement qu’au petit matin, l’unité était à nouveau au complet, et que plusieurs camarades ainsi récupérés ont été rapatriés en urgence.
Lui ? Il a été mis à pied par son supérieur. L’avenir lui prouvera pourtant qu’il a fait le bon choix : il plaidera le refus d’obéir à un ordre illégal devant la Cour Martiale, obtiendra gain de cause et sera décoré pour son courage et sa loyauté.
Et promu au rang de Lieutenant-Colonel.
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Oisín O'Sullivan
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Oisín O'Sullivan

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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 0:30

( everyday superhero )

Part Two

Juin 2009
You forgot a word, a leanbh.
Tu as oublié un mot.
Le père de famille, attentif, pose l’index sur la ligne que Saoirse tente de lire, les sourcils froncés, infiniment concentrée. Oh, elle sait lire maintenant, bien sûr ! Elle lit presque bien maintenant, même si c’est dur des fois. Alors il faut s’entraîner, a dit la maîtresse. Et c’est avec une patience qu’on ne lui connaissait pas qu’Oisín l’aide dans ses devoirs de lecture.
Alors la petite fille prend son air le plus concentré, suit les mots de son petit doigt, détache chaque mot pour être sûre de n’en oublier aucun. Puis, tout doucement, elle prend confiance, lit de façon plus fluide, se déconcentre... Et oublie un nouveau mot. Dans une imitation parfaite de son père, elle émet un grognement mécontent et reprend là où elle s’est trompée avec application.
En face d’elle, installé également à la table de la salle à manger, le petit Patrick dessine calmement quelque gribouilli qu’il devra expliquer à des parents incapables de comprendre son art. Il utilise du bleu, du vert, du rouge – mais pas de rose, on lui a dit à l’école que c’est pour les filles, et les filles c’est beurk – et tartine généreusement toutes ces couleurs sur sa feuille de papier sans écouter l’histoire que lit son aînée.
Une porte claque. La mère de famille, les cheveux relevés dans un chignon des plus stricts, avise la scène du regard et esquisse un sourire attendri. Vivre avec un militaire n’est pas toujours facile et elle a parfois l’impression d’élever ses deux enfants seule. Les moments d’absence sont de plus en plus difficiles à vivre, d’autant qu’elle voit bien sur le visage de son époux qu’au poids des années s’ajoute celui d’horreurs que personne ne devrait voir ou traverser. Chaque nouvelle cicatrice, chaque nouvelle ride semble lui rappeler que leur bonheur peut s’arrêter à tout moment.
Un jour, on se présentera à sa porte avec la purple heart, et on lui annoncera que sa moitié, l’homme de sa vie est tombé au combat. Qu’il a donné sa vie pour son pays. Qu’elle peut être fière.
Aucune fierté, aucune médaille ne saura remplacer son époux.
Un sourire attendri vient éclairer le visage de la mère de famille qui s’approche de ses enfants. Patrick est celui qui la remarque en premier et se fend d’un immense sourire avant de sauter dans ses bras. Cela sonne le glas de la leçon, car Saoirse n’est plus tellement en mesure de se concentrer non plus avec ça, et va à son tour câliner sa mère avec bonheur.
Et enfin vient le tour de l’époux.
Loin des angoisses de sa femme, il vient lui voler un baiser, lui glisse quelque compliment scabreux, ricane en la voyant s’outrer face à son audace.
Ah ça... D’un seul de ses sourires en coin, il sait chasser ses craintes.

Décembre 2011
Ils s’en sont tirés de justesse.
Oisín évalue son engin d’un oeil critique, indifférent à son propre état. Il a réussi à limiter les dégâts quand les tirs ennemis ont voulu l’abattre. Un pilote moins expérimenté ne s’en serait sans doute pas sorti. L’avion est probablement réparable, mais il n’en sera rien. Il sera entièrement désossé et les pièces seront récupérées pour réparer d’autres engins moins endommagés.
Au moins, il n’a pas perdu d’hommes dans la bataille. Il a encore en tête, comme tous ici du côté de l’Air Force, l’hélicoptère Chinook abattu par les Talibans quelques mois plus tôt. Ils ont perdu trente camarades ainsi. Une belle action militaire de la part de l’ennemi, un tribut insupportable à payer de la part des alliés.
2010 et 2011 sont les années les plus lourdes en terme de bilan humain pour les forces américaines, il n’en a que trop conscience. Et il lui semble qu’à chaque nouveau déploiement, il frôle la mort un peu plus, flirte dangereusement avec la Grande Faucheuse.
Combien de temps cette dernière le laissera-t-elle se jouer ainsi de lui ?
Combien de temps avant qu’il ne laisse femme et enfants derrière lui ?
Pourtant, il ne renoncerait à sa carrière pour rien au monde. Le goût du risque, l’adrénaline, le contact du terrain, autant de choses qui l’ont attiré dans l’armée des années plus tôt, tant de choses qui ont su le convaincre de rester.

Octobre 2014
Oisín !
L’intéressé se retourne pour voir un homme traverser l’allée pour venir le rejoindre. Cela fait plusieurs années qu’ils sont voisins sur la base. S’il le connaît bien, il connaît surtout sa femme, Sergent-Major dans une division logistique.
So, is that true ? Rumor has it that you’re moving away.
Alors, c’est vrai ? Il paraît que vous déménagez.
Les nouvelles voyagent vite dans une base, même aussi grande que celle-ci. Les deux hommes remontent l’allée côte à côte, rejoignant les petites habitations mises à disposition des officiers.
Yerra it is,” répond-il, non sans une certaine acidité dans la voix. On sent bien ce qu’il pense d’être ainsi l’objet de rumeurs. “We’re moving to Chicago. Apparently, one of their officers retired and they need someone to take up command of the unit.
En effet, oui. On part pour Chicago. Apparemment, un de leurs officiers a pris sa retraite et ils ont besoin de quelqu’un pour prendre le commandement de son unité.
Promu colonel à son retour de Syrie, quelques semaines plus tôt, il avait semblé être le candidat idéal. Faith, réticente dans un premier temps – c’est qu’ils sont installés en Californie depuis si longtemps ! – avait vite su en tirer avantage sous le regard quelque peu dubitatif de son époux. Son grade leur permettrait d’avoir une plus grande maison, plus confortable, une villa peut-être ? Elle s’était empressée de se renseigner, alors qu’une opportunité professionnelle s’était proposée à elle.
Finalement, ce déménagement n’était pas une si mauvaise chose... Si on oubliait les deux enfants – enfin, adolescents pour l’une – qui boudaient ouvertement parce qu’ils ne voulaient pas perdre leurs copains.
Oisín se permet un trait d’esprit, pleine de ce sarcasme dont il a le secret, mais le coeur n’y est pas. Ces derniers temps, sa famille lui pèse et il peine à mener de front carrière, vie familiale et vie conjugale.

Août 2015
Och, is that so ?
Oh, vraiment ?
La voix persiffle alors que la colère pulse dans les veines du militaire. Poing serré, il s’est redressé de toute sa hauteur pour faire face à cette femme qui lui scie les nerfs.
Ces derniers temps, la simple présence de Faith lui est insupportable. Oh, ce n’est pas nouveau. Cela fait plusieurs mois, plusieurs années que la routine et les séparations successives les éloignent l’un de l’autre. Les moments de complicité se font de plus en plus rare, et il n’est pas rare qu’ils ne s’adressent pas la parole pendant plusieurs jours. Les enfants grandissent, gagnent en indépendance, et ne les aide plus à maintenir ce lien qui leur avait longtemps été si précieux.
Ils n’ont pas pensé, l’un comme l’autre, que la crise de la quarantaine les guettait. Et qu’elle verse son poison dans un mariage jusqu’ici solide.
L’une se voit vieillir et sent délaissée, renvoyée à des tâches d’un autre âge, n’existant que pour s’occuper des enfants. L’autre fait le bilan de sa vie, regrette une jeunesse gâchée, se sent de plus en plus étouffé par ce mariage qui l’a empêché de profiter de l’insouciance de ses jeunes années.
Alors que la mère de famille accuse son époux de la tromper pour expliquer ses retours tardifs ou ses absences inexpliquées, la tension monte. Le gouffre ne cesse de s’élargir entre eux, alors qu’Oisín se sent blessé et trahi d’être ainsi incompris. Il a besoin de passer du temps seul avec lui-même, de faire le point, d’être loin de ces responsabilités qui l’étouffent.
La dispute dure une bonne partie de la soirée, alors que les deux époux profitent de l’absence de leurs enfants – en vacances – pour régler leurs comptes. Au bout d’un long moment de reproches infondés, venant de temps immémoriaux et d’accusations douloureuses, Oisín finit par céder à sa colère et renverse la table de la cuisine dans un mouvement de rage.
Le couple se fendille. La cassure guette.
Mais peut-on vraiment renoncer aussi facilement à l’autre après vingt ans d’un amour partagé ?

Avril 2016
Aye, a mhuirnín.
Le colonel se passe une main sur le visage d’un air las. Ils n’ont pas tous la chance de pouvoir communiquer aussi régulièrement avec leurs familles – privilège d’officier. Pourtant, il est des fois où il donnerait volontiers ce privilège. Il n’a que faire des préparatifs de Faith pour célébrer leurs vingt ans de mariage. Il ne sait même pas s’il sera revenu le mois prochain, et ça l’agace plus que de raison. D’autant plus qu’au lieu de se mettre en colère comme il l’avait anticipé, sa femme s’était mise à pleurer à chaudes larmes. Elle lui a murmuré des mots d’amour, l’envie de le revoir, le besoin de le retrouver – et elle savait très bien qu’il avait parfaitement compris ce qu’elle mettait derrière chacun de ces mots.
La culpabilité vient s’ajouter à la boule de sentiments dont il ne parvient plus à se défaire depuis quelques temps. Mais face à la caméra de l’ordinateur, il s’efforce de donner le change. Il fait ce qu’il a toujours fait : il dédramatise, relativise, lui rappelle qu’ils n’ont pas besoin de faire ça au mois de mai, qu’ils peuvent toujours attendre un peu pour les célébrations. Oui, bien sûr que la famille qui vient d’Irlande aura besoin d’un peu de temps pour s’y préparer, mais il faudra faire preuve d’adaptabilité.
Ne l’ont-ils pas toujours fait ?
C’est avec un long soupir qu’Oisín coupe la conversation à distance, la caméra, le rapport à son autre vie. Il prend une minute, le temps de se ressaisir. Il a toute une unité sous son commandement, ce n’est pas le moment de se laisser atteindre par des soucis d’ordre personnel. Ce serait mettre la vie de tous en danger.
Quand il sort de la tente de commandement, c’est pour tomber nez à nez avec cette nouvelle recrue qu’on lui a collé dans les pattes à peine quelques semaines plus tôt. Elle l’amuse bien, la petite Chambers. Il a toujours l’impression qu’elle essaie de se faire plus grande qu’elle ne l’est avec ses grands gestes, ses réactions disproportionnées, cette façon de s’outrer pour pas grand chose.
Ah ça non, elles ne sont pas nombreuses, les femmes, dans l’US Air Force. Mais il sait très bien qu’elles doivent fournir plus d’efforts qu’eux encore pour mériter leurs gallons. Alors il se doute bien que là dessous se cache bien plus qu’un tout petit morceau de femme.
Il attend encore de la voir faire ses preuves.
What are you doing here, Chambers ?
Il ne se prive pas de lui parler sèchement, peut-être plus qu’à un autre, pour la pousser dans ses retranchements, pour voir ce qu’elle a vraiment dans les tripes.
Son instinct ne le trompe jamais, et il y a de la graine de grande femme là bas dedans. Il va juste falloir l’aider à la faire germer.

Décembre 2016
... And break a leg.
... Et bonne chance.
Seul dans son cockpit, Oisín laisse entendre un ricanement dans le système de communication, sans se soucier ce que peuvent en penser les chargés de logistique restés au sol. Il entend des rires nerveux répondre à son cynisme mordant alors qu’ils sont au pire moment qui soit, à plusieurs milliers de pieds du sol, se préparant à un bombardement de la zone ennemie.
Les avions de chasse sont en formation. Les actions parfaitement coordonnées. Les forces adverses ne font pas le poids face à la puissance de frappe américaine, et seule la peur de victimes civiles colatérales empêchent les soldats de frapper avec une brutalité aveugle.
Aujourd’hui, les choses auraient pu très mal tourné. Le dispositif anti-aérien au sol a été sous-estimé, et il s’en faut de peu pour qu’ils perdent un membre de leur unité. Ils ne doivent leur survie en tant que groupe que grâce à leur réactivité, leur capacité à travailler ensemble, leur esprit de corps.
Et une bonne part d’improvisation de la part d’un colonel qui flirte dangereusement avec les règles établies. Cela les a-t-il mis plus en danger que de raison ? Ou cela a-t-il au contraire sauvé des vies ? Impossible de le savoir, mais Oisín se rassure en voyant l’intégralité de son unité au sol.
Il a suivi son instinct, et ce dernier leur a permis de tous revenir. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on enterrera l’un des leurs. Quand bien même on lui fait remarquer que les choses auraient pu être différentes, qu’à agir ainsi sous l’impulsion du moment, il ne fait que s’en remettre à la chance.
Que les règles sont là pour une raison.
Un fin sourire vient ourler les lèvres de l’officier, comme souvent quand il voit sa petite recrue prendre assez confiance en elle, en eux pour venir l’interpeler de la sorte.
Sometimes, the rules aren’t enough, Chambers,” fait-il remarquer d’un ton plus sérieux que son sourire ne le laisserait supposer. “The difference between a regular soldier and a good soldier lies there : the regular soldier blindly follows rules and orders, the good soldier questions them in regards of the situation.
Parfois, les règles sont insuffisantes. La différente entre un soldat ordinaire et un bon soldat est là : le soldat ordinaire suit aveuglément règles et ordres, là où le bon soldat les remet en contexte et s’interroge.
Dans le feu de l’action, il faut savoir faire la part des choses, faire des choix. Ces choix se font en son âme et conscience, selon ses propres valeurs. Ils sont toujours seuls, par la suite, pour faire face aux regrets.
Comme ils sont toujours seuls lorsqu’ils sont face à la mort.

Février 2017
Il a du mal à se faire au climat rude de l’Illinois. Chicago, en plein hiver, se couvre d’un épais manteau blanc et les températures deviennent indécemment basses. Plus encore qu’à New York qui bénéficie d’une couverture océanique, bien plus qu’en Irlande du Nord où la neige est aussi rare que les pluies sont fréquentes. Ses articulations fatiguées par les années, abîmées par les années de terrain, lui semblent grincer à chacun de ses gestes, mais il n’y prête guère attention.
Son unité n’est revenue sur la base que depuis quelques jours. Ils sont tous revenus, vivants et en un seul morceau.
Il a cru comprendre que tout le monde n’a pas eu cette chance.
C’est après plusieurs minutes qu’Oisín arrive à remettre la main sur la jeune femme qu’il cherche. Bien sûr qu’elle va mal. Ce n’est pas parce qu’on sait que cela peut arriver, parce qu’on a conscience de la fragilité de chaque vie qu’on peut s’habituer à la perte d’un être cher.
Une autre personne que lui aurait sans doute cherché les mots justes. Aurait présenté ses condoléances. Aurait voulu la consoler. Lui adopte une toute autre stratégie et vient s’asseoir aux côtés d’Avalon en silence. Il se veut la présence réconfortante qu’il a toujours tenté d’être pour ses proches, soutien solide et indéfectible.
Il ne sait toujours pas à l’heure d’aujourd’hui qui a amorcé le mouvement. Est-ce lui qui a amené la jeune femme dans ses bras, ou est-ce elle qui est venu chercher le réconfort ? Toujours est-il qu’il l’a retenue contre lui avec une certaine tendresse, silencieux, la laissant évacuer sa peine sans piper mot.
Comme s’il voulait lui créer un cocon dans lequel elle serait en sécurité, protégée de l’extérieur et des épreuves que la vie met sur sa route, quand bien même n’aurait-elle pas besoin d’être ainsi protégée.
Quand bien même cela ne serait-il pas vraiment son rôle.
Son instinct lui souffle, lui, que ça l’est totalement.

Juin 2018
Un bruit de clefs dans la serrure.
Une porte qui s’ouvre.
Faith, sourcils froncés, se débarrasse de ses chaussures, se déleste de son sac à main. La porte était déjà ouverte quand elle a voulu la déverrouiller. Il lui semble qu’il est encore trop tôt pour que l’un de ses deux ados soit déjà rentré à la maison.
I thought you weren’t coming back until the end of the week !
Je croyais que tu ne serais pas de retour avant la fin de la semaine !
Une telle remarque peut se faire sur des tons très différents. Elle aurait pu être ponctuée d’un sourire, d’yeux rieurs, alors que les intonations se faisaient heureuses. Heureuses de voir qu’il est rentré plus tôt que prévu. Pourtant, dans l’oreille d’Oisín, cela sonne plutôt comme un reproche. Il avorte le mouvement qu’il avait alors eu pour poser son journal et venir à sa rencontre, restant donc assis à la table de la cuisine, accompagné d’une tasse de café.
Contrarie-t-il ses plans pour la fin de semaine ? A-t-elle prévu quelque activité incompatible avec sa présence ?
Ces seules interrogations montrent bien que les années ne font que les séparer chaque jour davantage. Il ne la connaît plus. Il ne connaît plus le nom de ses amies, n’a aucune idée des loisirs qu’elle peut avoir désormais que l’autonomie de leurs enfants lui libère toujours plus de temps libre.
Il ne la connaît plus.
Il fait pourtant mine de rien et s’amuse de son ton offusqué non sans faire preuve de sarcasme, mais tout cela lui semble sonner faux. Il voit bien que ses plaisanteries ne sont accueillies avec le même entrain, avec la même joie, avec ce rire qu’il aimait tant, autrefois, et qui aujourd’hui l’insupporte. Et pour le coup, son trait d’esprit tombe à plat. Faith pince les lèvres dans cette expression de contrariété qu’il lui connaît bien, lui faire remarquer qu’il aurait pu la prévenir, quand même, qu’il sait qu’elle n’aime pas les surprises, et à la place de retrouvailles attendues, c’est la dispute qui prend le dessus.
Ils ne se connaissent plus.
Il faudra attendre le soir-même et que les enfants soient couchés pour que les deux parents tentent de réparer les plaies encore vives de reproches pas toujours très fondés. Ils parlent ouvertement, cette fois, de cette cassure qu’ils ressentent l’un et l’autre, de cet éloignement qui est de moins en moins supportable.
Du besoin de se retrouver, peut-être. De prendre du temps l’un pour l’autre. De réapprendre à se connaître pour affronter les années qui viennent et se préparer au vide que laisseraient les enfants après leur départ.
Ils doivent se rapprocher. Se retrouver.
Et s’il prenait sa retraite ?
L’idée est lancée, lui semble-t-il, comme un cheveu sur la soupe. Mais Faith insiste, argumente : la distance les tue à petit feu, et il a déjà fait une brillante carrière, il est peut-être temps pour lui de raccrocher. Ils pourront s’installer durablement à Chicago, peut-être, ou même retourner en Irlande pour retrouver leurs familles respectives une fois que les enfants auront quitté le nid. Ne serait-ce pas une belle façon de passer leurs vieux jours ? Retrouver les vertes contrées de leur enfance, vivre face à cet océan qui leur manquait temps, retrouver les tonalités d’accents qu’ils n’entendent plus au quotidien ?

Octobre 2018
A quel moment est-ce que ça a commencé à basculer ?
Les avions sont revenus au sol, un à un. Ce n’était qu’un exercice de routine, dirigé depuis le sol par le Colonel O’Sullivan. Il a donné ses instructions, confié des responsabilités supplémentaires à Chambers qui, elle, dirigeait les opérations depuis les airs.
Elle est la dernière à atterrir, sous le regard attentif d’un officier qui se tient le dos droit, parfaitement silencieux, comme à son habitude. Elle s’approche, sans doute pour avoir un retour immédiat sur l’exercice, dans l’attente du débrief qui se fera un peu plus tard. Pourtant, c’est sans un mot qu’il l’accueille, et lève la main vers son visage. Ses doigts effleurent la peau de la jeune femme alors qu’il attrape une mèche de cheveux s’étant échappée, et la lui remet en place dans un geste tout ce qu’il y a de moins professionnel. La main du supérieur frôle à nouveau la peau d’une joue dans une caresse à peine suggérée, avant qu’il se redresse à nouveau de toute sa hauteur dans une attitude plus autoritaire.
Plus réglementaire.
Il rappelle à la jeune femme qu’elle doit avoir la plus grande attention envers son uniforme et ce, en toutes circonstances. C’est qu’elle représente son pays à tout instant dès lors qu’elle la porte, et qu’aucun manquement ne peut être toléré à ce sujet.
Mais ce n’est qu’une façon de reprendre contenance.
Depuis combien de temps oublie-t-il jusqu’à la tendre présence de son épouse quand la jeune femme se tient à ses côtés ?

Novembre 2019
On frappe à la porte.
Ce n’est pas la maîtresse de maison qui ouvre pourtant. Du haut de ses dix-sept ans, Saoirse a bien grandi. Elle a bien changé depuis le temps des leçons de lecture et devient une femme chaque jour un peu plus, alors que les rondeurs de l’enfance disparaissent et que ses traits se marquent.
Ils n’attendaient pas de visite aujourd’hui. Ni elle, ni son frère, ni sa mère, même si c’est plutôt rare pour un samedi, comme le fait qu’ils soient tous à la maison.
Peut-être s’y attendaient-ils. Peut-être le hasard – ou le bon Dieu, dirait Maman – leur a-t-il permis d’être ensemble quand la nouvelle arriverait.
C’est avec une certaine surprise qu’elle découvre un officier sur le pas de la porte. Elle reconnaît un collègue de Papa, mais ne comprend pas ce qu’il fait ici.
Maaaaa !” appelle-t-elle dans un accent américain bien marqué, chose surprenante quand on connaît l’accent irlandais à couper au couteau que le père a conservé malgré les années.
Et c’est au tour de Faith d’apparaître, les cheveux relevés à la diable par une pince qui traînait par là. Sourcils froncés, elle s’approche, mais ne s’interroge guère plus longtemps. Contrairement à son aînée, elle comprend immédiatement ce qu’on lui veut.
Un officier ne se déplace pas en personne auprès d’une famille sans raison.
Mrs O’Sullivan...” commence ce dernier.
La suite ne fait pas vraiment sens. Les yeux de l’adolescente s’écarquillent, le cri de désespoir de la mère de famille attire le fils cadet qui, ayant hérité du sens de la déduction de son père, comprend immédiatement. Il n’y aura guère plus que lui pour écouter ce qu’on a à leur dire.
Le dernier raid aérien en Syrie s’est mal passé. L’avion du Colonel O’Sullivan s’est crashé. On n’a pas retrouvé le corps. Les funérailles seront célébrées dans les jours qui viennent.
Oisín O’Sullivan est tombé au combat.

Décembre 2019
Assis dos au mur, poignets et chevilles entravés, l’homme n’est pas beau à voir.
Il a réussi, par un miracle qu’il ne s’explique pas lui-même, à sortir vivant du crash de son avion. Il ne se souvient plus de l’enchaînement des évènements – s’est-il éjecté ? Est-il un miraculé ? – mais sait qu’il est commun de faire des amnésies traumatiques, et qu’il est possible qu’il ne parviennent jamais à se souvenir des circonstances exacts de sa survie.
Il sait par contre que quand il a retrouvé ses esprits, il était enchaîné et qu’on ne parlait plus qu’arabe autour de lui. À partir de là, il n’était pas difficile de comprendre qu’il était tombé aux mains des forces ennemies.
Et qu’il n’allait sans doute pas s’en sortir vivant.
C’est cette pensée, si pessimiste paraisse-t-elle, qui lui permet de tenir. Il est dans l’attente de ce moment qui arrivera tôt ou tard. Quand les forces de Daesh auront compris qu’il n’y a rien à tirer de lui.
Il ne s’en sortira pas vivant. Quel intérêt donc de répondre à leurs questions ?
La porte de la cellule grince mais Oisín ne lève pas la tête. Il ne leur facilite pas la tâche, se fait plus lourd qu’il ne l’est, les force à le traîner jusqu’à ce qui leur sert de salle d’interrogatoire. Enfin, si on peut encore qualifier ça de la sorte.
Il n’a que le temps d’aviser les personnes présentes qu’on l’a déjà attrapé fermement et qu’on lui a collé la tête dans un bac d’eau. Rapidement, l’air lui manque, l’instinct veut qu’il se débatte.
Depuis combien de temps cela dure-t-il ?
Progressivement, il a perdu toute notion de temps. Cela peut faire un mois, un an, il ne sait plus. Quel intérêt de savoir quand on ne fait qu’attendre sa mort ? L’avion s’est crashé, on a dû le croire mort, ce qui explique qu’aucun raid n’ait été mené pour tenter de le récupérer. De toute façon, cela n’aurait aucun sens de déployer une unité pour sauver une seule vie alors même qu’on n’est pas sûr qu’il s’en soit tiré.
Cela serait mettre la vie de soldats en péril sans avoir la certitude que la personne qu’on cherche soit bien en vie.
Une nouvelle question lui est assénée. Le prisonnier se permet le luxe de ricaner, fait une blague de mauvais goût dans un arabe approximatif – les jeux de mots dans une langue étrangère, ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile – et prend une mandale dans les dents. Une de plus.
Ouch.
Certains diraient que les provoquer n’est pas la meilleure des idées. Que cela va à l’encontre de son instinct de survie. Mais c’est aussi une façon de lutter, de refuser de céder.
De précipiter les choses.
Mort, il aura moins de chances de craquer et de donner des renseignements à l’ennemi.

Février 2020
Real or not real ?
Les semaines s’écoulent. La solitude, les cris, la douleur font partie de son quotidien dorénavant. Son corps le fait souffrir et, par endroits, les plaies ouvertes par ses geôliers commencent à avoir un aspect inquiétant. Lui qui pensait mourir dans le crash allait finir par crever de scepticémie.
Haha. Hahahahaha !
Le rire qui éclate dans la cellule n’a rien de joyeux. Il est peut-être nerveux, peut-être un peu dément aussi. La fièvre n’aide pas, il faut dire. Ces derniers temps, il commence aussi à avoir des hallucinations. La première fois, il a vu avec un certain étonnemment une petite fille aux longs cheveux bouclés jouer avec sa poupée dans un coin de la cellule. Il a complètement paniqué, incapable de faire la part des choses, de se dire que Saoirse ne pouvait pas être ici – et qu’elle n’était plus une petite fille.
Et puis il a apprivoisé ces visions, comme si elles lui permettaient de tenir. D’encaisser le traumatisme. De ne pas céder totalement à la folie. Elles lui tiennent compagnie dans les moments difficiles, prennent des visages divers qui ont marqué sa vie.
De telle sorte que quand Avalon se tient devant lui, plusieurs heures plus tard, il ne réagit pas immédiatement.
Real or not real ?
Chambers ?
Il se découvre une voix enrouée, brisée par les trop longues journées passées ici. Il n’y croit pas vraiment. Ce ne serait pas la première fois qu’il la croit à ses côtés dans un délire dû à la fièvre... Bien que d’ordinaire, elle ne vient pas lui rendre visite en uniforme.
Sont-ce les cris qui retentissent, différent de ceux des derniers mois ? Le bruit des armes, si terrifiant et si familier, qui retentissent de tous côtés ?
Le doute l’assaille quand il entend la voix de la jeune femme qui s‘étrangle. Il ne savait pas ses souvenirs si fidèles. Il pose un premier pied dans la réalité, fronce les sourcils et tente de se relever en prenant appui sur le mur crasseux. Il a toujours pieds et poings liés, sent qu’on les lui retire.
Le libérer du poids des entraves semble le libérer d’un fardeau plus lourd encore. Il prend conscience des choses de façon assez brutale, sans trop y croire toujours et laisse ses instincts prendre le contrôle. Une main se pose sur l’épaule de la jeune femme et il l’attire contre lui d’un geste vif.
Indifférent à son état. À la sueur, au sang, à la crasse.
Il l’enlace avec cette force née du désespoir, s’accroche à elle pour réussir à s’ancrer complètement dans la réalité. Une de ses mains remonte contre la nuque d’Avalon, se perd peut-être un peu dans ses cheveux.
Real.
Les yeux clos, il s’appuie sur cette présence réconfortante, hoche la tête en l’attendant lui rappeler l’urgence de la situation.
Just a sec.
Encore une seconde.
Une seconde pour reprendre pied. Pour se souvenir de qui il est. Pour chasser l’imminence de la mort et retrouver l’envie de survivre.
De vivre.
Il respire son parfum au creux de son cou, sent la peur se mêler à son odeur épicée, résiste à l’envie d’un geste tendre, d’un baiser qui trahirait bien trop de choses. Et puis, d’un même mouvement, ils se détachent l’un de l’autre.
Peut-il marcher ?
Il a l’impression que oui. Tenir une arme n’est sans doute pas dans ses cordes actuellement, étant donné l’état de sa main droite, mais il tient sur ses jambes. Il se redresse, lève le menton, se tient aussi droit que son corps le lui permet.
Et retrouve sa stature de colonel.

Avril 2020
Revenir d’un déploiement n’est jamais chose aisée.
Mais revenir d’entre les morts relève de l’exploit, et pas seulement parce qu’on survit. Il n’est pas facile de retrouver ses marques au sein d’une famille qui vous a enterré et a commencé à faire son deuil. Les retrouvailles ont été éprouvantes autant qu’émouvantes. Les deux enfants ont été bouleversés par le retour de leur père, Saoirse manquant plusieurs jours d’école juste pour passer du temps avec lui, Patrick multipliant des marques d’affection dont il ne faisait plus preuve depuis des années parce que ce n’était pas très viril.
Le plus difficile aura été de faire face à sa femme. Faith l’avait regardé comme s’il était un fantôme pendant plusieurs longues semaines, bien qu’elle tente de donner le change. Sa mort, si douloureuse soit-elle, l’avait libérée d’un poids, et elle se débat dorénavant avec sa culpabilité. Oisín, lui, a mis un moment avant d’oser la regarder à nouveau en face.
Il aura passé des heures à l’observer à la dérobée, notamment lorsqu’elle s’endormissait dans le fauteuil de sa chambre d’hôpital. À la détailler en silence. À ruminer sa culpabilité, lui aussi.
Il a eu le temps de se souvenir, de s’interroger. Avec le recul, il n’était pas surprenant qu’il ait eu la visite hallucinée de ses enfants alors qu’ils n’étaient encore d’innocentes petites choses gigotantes, dans la mesure où ces moments de bonheur sont des souvenirs chéris. Mais à aucun moment sa femme ne s’est invitée dans sa folie. Il a bien revue l’adorable petite fille aux boucles désordonnées. La toute jeune femme aux séduisantes taches de rousseur. La femme dont il était tombé amoureux.
Mais jamais son épouse.
Il l’aime toujours pourtant. D’une affection tendre, d’une tendresse affectueuse. Sa plus vieille amie. Une personne qu’il ne voudrait perdre pour rien au monde.
Force est de constater que les sentiments se sont émoussés avec les années et que le poids de leur mariage les a enfoncé dans une routine qui les déchire. La passion s’en est allée depuis longtemps, constate-t-il en détaillant son épouse endormie, incapable lui-même de trouver le sommeil. Ils ne sont plus attachés l’un à l’autre que par égard pour l’autre.
Par habitude.
Et la douceur des sentiments qu’il éprouve encore pour elle fait bien pâle figure face à la force de ceux qu’il ressent pour une autre femme.
Faith a peut-être raison. Il est peut-être temps qu’il prenne sa retraite et ne poursuive sa vie en tant que civil.
Mais pas pour les raisons qu’elle avance.

________


Good to Know □ Oisín est trilingue : il parle couramment anglais et irlandais, ses deux langues maternelles, et a appris l’arabe au gré des missions de terrain. □ Bien qu’il soit arrivé jeune aux USA, il est marqué par ses jeunes années passées en Irlande, et en a gardé un fort accent ainsi que des formulations propres. Il est à noter qu’il jure très rarement, et que quand ça lui arrive, c’est le plus souvent au travers d’un vocabulaire typique des irlandais ou en gaélique. □ En bon militaire, il est couvert de cicatrices plus ou moins visibles, dont certaines ont encore la couleur rougeâtre de la plaie tout juste guérie. □ Il a été décoré pour acte de bravoure en 2008, suite à une action de terrain menée en 2007. □ C’est un bon vivant, et l’un de ses passe-temps préféré consiste à manger. C’est par ailleurs un bon cuisinier qui ne sauterait de repas pour rien au monde. □ Il est atteint de stress post-traumatique depuis son retour de Syrie, il y a trois mois. Il en avait déjà ressenti les symptômes lors de missions passées, mais il semblerait que la forme qu’il a développée cette fois soit plus sévère. □ Il a un permis de port d’arme à feu, et possède un 9mm qu’il a toujours sur lui.

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pseudo, prénom / Madaaame âge, pays / 30 ans, région parisienne. faceclaim / Gérard Butler. inventé ou pl / pl. crédits / gify + Anarya. partie libre / désolée d’avance de la longueur de la fiche ! J’aime bien l’utiliser pour prendre mes personnages en main, donc... bon courage pour la lecture - My heart breaks a little when I hear your name - 3215468957
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Eugenia Lopez
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 0:33

what??? c'est quoi ce choix de fc de malade???
je suis trop trop fan, et puis ce pseudo, ce choix de pl - My heart breaks a little when I hear your name - 2825637793 - My heart breaks a little when I hear your name - 2825637793
hâte de te lire, de vous lire, ça promets
bienvenue - My heart breaks a little when I hear your name - 2965825528 - My heart breaks a little when I hear your name - 2965825528
(et dis-moi si mon post gêne omg dsl)
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Ryder Lynch
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 0:35

GENRE on dit dans le flood que ça manque de 50 ans et + sur les forums
et boum
t'arrives avec gerard butler
flippant, mais je vais pas me plaindre - My heart breaks a little when I hear your name - 2172548460 - My heart breaks a little when I hear your name - 2172548460
+ j'adore le pseudo
+ ce pl de dingue
hâte d'en savoir plus
et bienvenue à la maison - My heart breaks a little when I hear your name - 4263122978
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Aengus Coghlan
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 8:51

donc toi, t'arrives pour voler nos cœurs, c'est ça ? - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311
bienvenue, hâte d'en voir plus sur le colonel - My heart breaks a little when I hear your name - 641030875
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Isabela Suarez
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 11:15

Bienvenu, j'aime à la folie ce choix d'avatar - My heart breaks a little when I hear your name - 4263122978
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Avalon Chambers
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 11:22

Ryder Lynch a écrit:
GENRE on dit dans le flood que ça manque de 50 ans et + sur les forums
et boum
t'arrives avec gerard butler
GRAVE, moi je dis, c'est un signe - My heart breaks a little when I hear your name - 1124340266

mais du coup, je l'avais bien reconnu le Gerard cette nuit, malgré mes yeux pas bien ouverts - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311 - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311 et je l'aime tellement - My heart breaks a little when I hear your name - 449346596 et ce pseudo, je sais que je radote mais il est beaucoup trop beau - My heart breaks a little when I hear your name - 1124340266

j'ai grave grave hâte de voir tes idées, de comploter avec toi pour parler de ces deux - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311
et puis bienvenuuuue officiellement du coup, encore une fois, j'suis totalement dispo si t'as des questions ou autre donc n'hésite pas I love you
je te réserve gerard jusqu'au 20/05 - My heart breaks a little when I hear your name - 3215468957 - My heart breaks a little when I hear your name - 3215468957
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Kostya Sjöström
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 14:27

le coloneeeeel - My heart breaks a little when I hear your name - 802417600 - My heart breaks a little when I hear your name - 802417600 - My heart breaks a little when I hear your name - 802417600
hâte de voir ce que tu vas en faire - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311
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Morgan Chambers
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 16:54

Bienvenue parmi nous et très bon choix de pl ainsi que de fc - My heart breaks a little when I hear your name - 3142410995
Je crois que Morgan ne va pas tellement apprécier l'homme, mais ça n'en sera que plus amusant - My heart breaks a little when I hear your name - 1354081481
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Oisín O'Sullivan
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 17:39

Ooooh merci à tous ! Ca fait du bien de se faire accueillir comme ça - My heart breaks a little when I hear your name - 3215468957

Contente de voir que Gerard vous plaît - My heart breaks a little when I hear your name - 4263122978 Et Oisín avec j'espère bien - My heart breaks a little when I hear your name - 3215468957
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Warren LoCascio
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyMer 13 Mai - 17:41

fáilte go la maison - My heart breaks a little when I hear your name - 641030875
super perso qui se dessine, le fc dépote tout et ça promet pour la suite - My heart breaks a little when I hear your name - 1354081481
bon courage pour la suite - My heart breaks a little when I hear your name - 689460841
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Avalon Chambers
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Avalon Chambers

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› status : engaged but it's not that simple. she never trully liked him but she's afraid of being alone at the end of the day. she can't have the one she wants, the one that makes her heart aches so she chose the first one who came. it's not fair to him but rules stand and they're not fair for her (or them).
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MessageSujet: Re: - My heart breaks a little when I hear your name -   - My heart breaks a little when I hear your name - EmptyJeu 14 Mai - 21:38

Félicitations, tu es validé-e !
je vais me rerererépéter mais - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311 - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311 - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311 je suis trop amoureuse - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311
j'aime toutes tes idées, t'as parfaitement saisi la très très vague idée que j'avais du perso, la relation entre ava et lui
j'aime trop faith (j'ai mal au coeur d'avance pour ce couple que j'shippais - My heart breaks a little when I hear your name - 1124340266 ) - My heart breaks a little when I hear your name - 3077624311 bref, j'adore, je valide, j'arrive pour parler rp (et morgan gère ta femme avant de te mêler des histoires de la frangine - My heart breaks a little when I hear your name - 2979015806 )

Tu es maintenant prêt-e à jouer sur JB.
Pense à vérifier qu'on ne t'a pas oublié dans le bottin des métiers ainsi que dans le bottin des logements.
Tu peux aussi ouvrir ton carnet afin de te trouver liens et rps.
Tu recevras bientôt un Mp pour ton premier rp ouvert par un membre du staff avec quelques propositions de personnes pouvant correspondre à ta recherche de liens.
En cas de question, n'hésite pas à nous contacter
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