tequila is like duct tape, it fixes nearly everything (isabela)

Il fait une chaleur trop vive – Liv s'étire, se redresse sur son matelas, qui semble trop raide, et les images sous ses paupières l'empêchent de fermer l’œil. Get over him. Elle soupire, jette un regard à son téléphone, il est à peine vingt heures trente, le sommeil ne se pointe pas, car l'esprit est trop encombrée, et que le jour est encore levé. Elle est fatiguée, de ces nuits d'insomnies, de ces rêves intrusifs, de sa silhouette qui passe entre ses cils lorsqu'elle les clôt. Vingt heures trente. Elle a presque envie de rire. Elle se sent ridicule, agrippe son vieux t-shirt gris, soupire en agitant les pieds au dessus du parquet. Elle doit partir, sortir, respirer, oublier. Alors elle se tire jusqu'à la douche, les jambes engourdies d'une sieste à peine méritée, attache ses cheveux, enfile un jean, et claque la porte en partant. Avalon ne rentre pas ce soir, elle a collé le mot sur le frigo, et Liv a presque jubilé qu'elle utilise son système. Le vent attrape son visage, doux et chaud. Elle traverse la rue, évitant le restaurant comme elle le peut, rejoint l'arrêt de bus et attend. 'je peux squatter ce soir ? J'ai besoin de me changer les idées', elle envoie le message à Isabela, pince les lèvres, et tape à nouveau 'bon, je suis déjà en chemin, alors t'as pas vraiment le choix, j'arrive dans 15 minutes, love ya'. Le trajet est court – elle se concentre sur les bâtiments qui défilent à travers la vitre, et le soleil qui entame une descente lente et orangée, la musique étouffe ses pensées, pour une fois. Elle manque presque son arrêt, à divaguer sur les reflets de la fenêtre, saute du bus et rejoint l'appartement de son amie. Un immeuble de grand standing, en plein centre-ville, de ceux dont Liv a rêvé longtemps, lorsqu'une carrière réussie était encore un espoir. Elle grimpe jusqu'à l’ascenseur, et ne retire ses écouteurs que lorsqu'elle est devant la porte. Isa apparaît, la silhouette élancée, des jambes infinies, un visage parfait, et Liv se sent petite, et triste, et se dit qu'elle serait mieux mannequin que là où elle est. Mais la tequila ne serait pas gratuite, et l'appartement descendrait sur l'échelle du luxe, sans doute. Alors c'est pas si mal, et tant pis si Liv est plus petite et des épaules plus larges, elle l'oubliera dans quelques heures. Elle sourit, tend les bras, serre Isabela comme elle le fait toujours, et pendant un instant, ce sont ses bras à lui qui entoure sa taille, et elle bat des paupières pour rejoindre la réalité. Dammit, Liv, get over him already. - Okokok, j'ai pris une douche, et j'ai pas pu dormir, en même temps il est genre vingt heures trente, et j'avais chaud, et je crois que ma tête va exploser si j'ai pas un peu de compagnie. Elle entre dans l'appartement sans même attendre d'invitation, s'étire, et se retourne en frappant ses paumes. - Alors, on fait quoi ? Balance les idées, j'suis prête pour tout. J'ai juste besoin de penser à… Autre chose, n'importe quoi.

Isabela s'était installée il y a des années dans le quartier de Downtown, c'était réellement un rêve pour elle d'avoir son chez elle et son penthouse était vraiment ce qu'elle avait toujours voulu. La décoration est moderne, cosy et tout ce dont il fallait pour se sentir bien quand elle rentrait de ses journées de travail ou encore de ses voyages au Mexique ou Cuba où elle retournait parfois. Ce soir là en rentrant chez elle après une réunion tardive, la jeune femme reçu un sms d'une amie proche qu'elle s'était faite il y a quelques temps à Chicago. Une rencontre grâce au hasard dans un bar et très vite le feeling était totalement passé entre elles au point de devenir très amies maintenant. La blondinette allait passer pour la soirée, c'était le genre de soirée où elles s'amusaient bien. C'est avec oie que la Mexicaine lui répondit sans attendre - avec grand plaisir, je sors la tequila et je prépare de quoi manger avec - message envoyé. Bela prépara de quoi grignoter pour ne pas boire le ventre vide, ça c'était un des nombreux conseils de son père qui était à la tête de l'entreprise de la famille. Alors que la jeune femme se trouvait dans sa cuisine elle entendit quelqu'un sonner à la porte, sans attendre elle partit ouvrir à son amie - Bonsoiiir toi, je suis contente de te voir se contenta t-elle de dire avant de serrer Olivia dans ses bras. C'était tellement agréable de passer des moments avec ses proches, à cause de son travail de chargée d'affaires Isabela n'avait pas trop le temps de se poser et de profiter mais quand elle le faisait c'était toujours avec grand plaisir. Les verres étaient déjà remplis sur la table basse du salon avec tout ce qu'il fallait pour passer une bonne soirée. Oliva entra dans l'appartement qu'elle connaissait déjà pas mal vu qu'elle venait souvent chez son amie, Bela avait pris l'habitude de faire des soirées avec ses proches après tout le lieu était idéal, accueillant et plutôt grand. - Je ne sais pas trop ce que tu veux faire mais j'ai prévu la téquila juste là bas dit-elle en montrant les verres pleins sur la table basse. - Sinon j'ai aussi prévu de quoi manger, de quoi regarder avec des films ou alors de la musique pour faire la fête comme il se doit ajouta t-elle avec un grand sourire. Les soirées entre filles étaient sans aucun doute les meilleures, pour le coup Bela avait penser à quelques petites choses. - Mais si tu souhaites sortir on peut sortir aussi ajouta la brune avec un grand sourire tout en avançant dans le salon pour se poser dans le canapé devant le verre de tequila.

L'odeur qui la frappe lorsqu'elle entre dans l'appartement se répand sur ses bronches – douce, agréable, un savant mélange de parfum et d'un plat dans le four. Le parquet craque sous ses semelle, et elle se dit qu'un jour, elle aussi elle aura un parquet comme celui-là, ancien, lustré, superbe. Et de grandes fenêtres, une vue incroyable sur le centre-ville. Et la cuisine qui va avec, dont la surface faisait bien le double (voire le triple) de la sienne. Isa l'a accueillie avec une étreinte habituelle, mais Liv l'a retenue une seconde de plus, un instant à peine remarquable, pour savourer la chaleur de ses bras, en prendre tout ce qu'elle peut dans ce court moment. Leurs rencontres se font de plus en plus rares – car toutes les deux sont prises par leurs jobs, mais chaque retrouvaille est mieux que la dernière, et il y a cette familiarité parfaite qui enrobe le cœur et, quoi qu'il arrive, la fera toujours sentir chez elle. - Pareil, elle répond à la volée, se défait de ses chaussures pour mieux glisser sur le parquet – une entrée spectaculaire dont elle seule a le secret – jusqu'au salon. Traînant des pieds jusqu'au canapé (dont le confort excède celui de son propre lit, elle en connaît la forme pour y passer de nombreuses nuits, lorsque l'alcool lui brouille la vue et qu'elles rentrent ensemble pour ne rien risquer), elle agite les bras, enthousiaste. - Oui, oui, oui, oui et oui, elle annonce, levant un doigt après l'autre, pour valider chaque option. Elle est d'humeur pour tout, pour n'importe quoi. L'alcool, les plats, les films, une sortie improvisée, tout lui semble excellent pour faire un choix. Alors elle choisit le tout, sans scrupule, sans honte. Les nuits comme celle-ci lui manque trop – lorsqu'elles profitaient du début de leur vingtaine pour accumuler les nuits de danse sans sommeil, suivies d'un lendemain difficile qui les traînait jusqu'à leur travail respectif. Elles avaient atteint (et dépassé) le quart de siècle, et les fêtes se faisaient plus rares, plus sobres, plus élégantes. Mais Liv voulait retrouver cette liberté infinie, un samedi soir comme ceux d'avant. - Tu prépares quoi ? J'ai hyper faim. Elle s'installe sur les coussins du canapé, à l'aise, et attrape son shot de tequila qu'elle ne tardera pas à avaler cul-sec. - Moi je dis, on devrait sortir, genre pour de vrai. Full makeup, tu me coiffes, parce que tu sais que moi j'y arrive pas, on boit ici, parce que là-bas c'est trop cher, et on rejoint un club et on danse jusqu'au bout de la nuit, jusqu'à ce que nos pieds tombent et qu'on marche de travers. D'une levée de coude, elle avale la tequila, son palais lui répond d'une grimace presque douloureuse, et elle fait claquer sa langue. - Il est tôt pour sortir, par contre. On peut regarder un truc d'abord. Genre… Kuzco ? Elle offre à Isa un sourire enthousiaste. L'âme partagée entre l'enfance et l'âge adulte, coincée dans l'entre-deux, incapable de choisir l'un ou l'autre. Et elle n'en a pas envie.

Pour la Mexicaine c'était un réel plaisir de voir son amie, travailler c'est bien mais trouver du temps pour ses proches c'est mieux et en ce moment Bela était complètement dépassée par l'entreprise familiale qu'elle s'oubliait souvent. C'était parfait de voir Olivia débarquer dans l'appartement de Bela, pour l'occasion elle avait fais des petites choses à manger et surtout elle avait sortis la tequila. Une fois son amie présente devant sa porte, Isabela la prit dans ses bras en avouant qu'elle était contente qu'elle soit là, cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de passer du temps ensemble. Les deux jeunes femmes entrèrent toutes les deux dans la pièce à vie qui donnait sur une baie vitrée immense qui donnait sur la ville de Chicago, Isabela avait préparé de la téquila pour l'occasion ce qui semblait ravir son amie. "Awwwh je suis contente de voir que ça te fait autant plaisir" dit-elle avec un grand sourire en allant vers la cuisine pour chercher le plateau de nourriture. Bela n'avait pas trop d'idée de programme pour la soirée mais déjà prendre quelques verres et manger semblait être une bonne option. La blondinette questionna son amie sur ce qu'elle préparait à manger, cela tombait plutôt bien car elle avait visiblement très faim "spécialité de chez moi tacooooooos babyyyyyyyyy tu vas voir selon mon père et mon frère je fais les meilleurs tacos du monde" dit-elle en se tournant vers son amie tout en faisant quelques pas de danse. Prenant le plat afin de le poser sur la table basse, Isabela se posa à son tour dans le salon devant son verre de tequila, Olivia avait une grande envie de faire la fête et de sortir le grand jeu. "Je vois le genre et c'est avec grand plaisir que j'accepte cette invitation de dingue, je suis sûre qu'on va s'amuser mais avant ça on mange et on boit pour se mettre dans l'ambiance, allez goûtes moi ces merveilles" ajouta Isabela en prenant un tacos ainsi que son verre. D'un coup Bela bu son verre d'un seul trait, ce liquide avait toujours ce don de vous brûler la gorge mais elle avait quand même pas mal l'habitude d'en boire et de savoir quand il s'agissait de bonne tequila."Hum je suis partante pour Kuzco" dit-elle à la blondinette qui se trouvait devant elle, idéal ce genre de chose pour une soirée tranquillou entre filles. Isabela mangea une bouchée de son tacos, un vrai délice qui lui rappelle son enfance au Mexique et encore les plats de sa maman même si elle l'a perdu très jeune dans un accident de voiture, un malheur pour tout les Suarez. "Alors racontes moi que se passe t-il actuellement dans ta vie ?" questionna la mexicaine tout en remplissant de nouveau les deux verres de tequila, oui les deux filles aillaient devoir prendre un taxi pour se rendre dans un club pour faire la fête.

L'adolescence est loin, bien loin, et son entrée dans l'âge adulte n'a pas été des plus doux. Liv en a manqué les premières années, étranglées par le deuil, l'incompréhension, et le manque. S'amuser lui paraissait futile à l'époque. Aujourd'hui, ça lui est nécessaire. Alors elle n'hésite pas, jamais, s'efforce de dire oui même lorsque le moral n'est pas au beau fixe, même lorsqu'elle peine à se tirer du lit. Parce que danser jusqu'à user ses semelles sous les lumières éblouissantes d'un club est sa façon à elle de libérer ce qu'elle garde à l'intérieur. Dans l'obscurité, dans les regards vagues, dans l'alcoolisme commun, elle n'est qu'une silhouette, juste une silhouette, et rien d'autre, invisible. Isabela est la silhouette qui l'accompagne, la plupart du temps. Celle qui lui tient la main pour la faire tournoyer sur le parquet, qui retient ses cheveux lorsqu'elle vomit sur le chemin du retour. Elle incarne la folle jeunesse, lorsque les priorités ne sont que futiles, lorsqu'on peut traîner jusque tard dans la nuit sans risquer quoi que ce soit le lendemain. Alors Liv sourit, s'étire sur le canapé, pieds nus, le confort naturel, l'énergie folle. Elle se redresse à l'évocation des tacos, tends les bras comme une enfant capricieuse : - HAN, donne donne donne donne ! Isabela traverse la pièce – immense, en quelques pas de danse gracieux, et Liv se trouve encore avec ce point au creux de l'estomac, un peu jalouse, un peu envieuse, et se dit qu'elle est le genre de fille qu'il devait vouloir. Elle lève les bras en l'air, victorieuse, bien qu'elle n'ait eu aucun doute que son amie serait de la partie. - Yes yes yes, ça va être énorme. Et elle avait besoin d'oublier, d'oublier l'urgence de ses lèvres sur les siennes, et sa silhouette disparue dans l'ombre et le vent qui a soufflé dans ses cheveux alors qu'elle est restée immobile sur le trottoir. Elle lui voue une rage presque trop intense – réclame des explications, et pourtant l'évite comme elle peut. Elle attrape un taco, son verre, le lève d'un geste rapide et avale le liquide, grimace, secoue les épaules, tire la langue. - Ew, j'oublie toujours à quel point c'est violent ce truc. Elle bat des paupières, et avant de croquer dans son taco, elle ajoute : - Un autre verre, please. La bouche pleine, elle sourit, malicieuse. L'heure est à la fête, l'heure est à l'oubli, et elle ne manquera pas une seule occasion de faire taire les voix dans son estomac. Liv se cale dans les coussins du canapé, les pieds sur la table basse – habitude que sa tante avait tenté de lui faire perdre, en vain – et avale son taco en trois bouchées. - Hm, j'avais trop faim, c'est trop bon. Tout pour remplir le vide à l'intérieur. - Kuzco it is alors, elle lève les bras, réaction enfantine, innocente, la langue qui fourmille de l'alcool brûlant. Puis elle plisse le front, les lèvres, fait mine de réfléchir. Mentionner Gus serait contre-productif. Ne pas le mentionner serait difficile. Alors elle hausse les épaules, avale son deuxième shot pour le courage, réagit de la même façon que pour le premier, parce que le goût ne s'arrange pas avec la quantité : - Pas grand-chose. Le bowling, le restaurant, les livres, les manifestations, tout ça. La routine, quoi. Elle fait mine de réfléchir, de trouver quelque chose d'intéressant, quitte à mentir, quitte à broder. - D'où ce besoin urgentissime d'une sortie, histoire d'égayer mes pauvres journées absolument identiques et déprimantes. Elle hoche la tête. - Toi, toi, toi. Raconte-moi des trucs croustillants, please. J'en ai besoin. Genre, question de vie ou de mort. T'as rencontré quelqu'un ? Même si c'était une nuit, il y a trois semaines, je veux tout savoir. Elle sautille sur place, attrape un autre taco. Remplir le vide.

@isabela suarez

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